Grève et tensions syndicales autour du temps de travail à la SLN

Trois sites miniers sont touchés par le mouvement, dont Népoui.
La grève lancée le 3 janvier par la CSTNC et l’USTKE continue de toucher des centres miniers de la SLN. Le passage au taux horaire de 147 heures est au cœur du conflit, qui met en exergue des dissensions entre les syndicats majoritaires à Doniambo et ceux plutôt représentatifs sur mine.
En début de semaine, un comité d’entreprise de crise a eu lieu à la SLN. L’occasion de constater les fortes divergences entre les syndicats représentatifs au sein du Nickel. D’un côté, l’intersyndicale CSTNC-USTKE conteste le passage aux 147 heures par mois. Depuis le jeudi 3 janvier, elle porte un mouvement «illimité» pour protester contre cet accord voté, à 75%, par cinq syndicats sur sept et validé par la direction du Travail.
 

Tiébaghi, Thio et Népoui

«La SLN veut faire croire que ce sont les syndicats représentatifs de la société qui ont signé, mais ce ne sont pas eux qui produisent. On ne peut pas accepter que les syndicalistes représentatifs pour Doniambo viennent signer des accords pour les mineurs», maintient Arnold Delrieu, secrétaire général adjoint de la CSTNC. La grève impacte les sites miniers de Tiébaghi dans le Grand Nord, Thio et Népoui, à Poya. 
 

Signataires

De l’autre côté, les cinq syndicats qui ont signé l’accord sur les 147 heures, majoritaires à Doniambo, s’inquiètent pour l’emploi. Ils défendent un plan qui leur économiserait vingt jours de travail dans l’année et leur ferait profiter d’une majoration de salaire de 5,5 à 10%. Un plan, surtout, qui participe aux objectifs de production de la SLN. 
 
 

Pour l'emploi

«Les 147 heures, c’était pour préserver les emplois dans l’encadrement, et pour créer une quarantaine de chauffeurs en plus puisqu’on passe à quatre quarts au lieu de trois», défend Eddy Coulon, délégué du Soenc Nickel. Avec pour autre argument «le temps qu’on pourra passer sur mine pour créer plus de [volumes] manipulés, créer plus de valeur ajoutée, pouvoir faire l’export et nous sortir de la crise où on est aujourd’hui.» «Le 147 par rapport au 120, c’est une équipe supplémentaire», renchérit Elvis Macé, secrétaire général de la SGTINC-Cogetra. «Ça fait quinze personnes à embaucher en plus, et une augmentation salariale pour tous les centres miniers.»
 

120, ou 147?

Deux mois de négociation entre syndicats fin 2018 n’auront pas suffi à l’entente. La CSTNC et l’USTKE comptent imposer leurs 120 heures. «Les 75%, c’est sur l’ensemble de l’établissement. Mais sur les centres miniers de Thio, Tiébaghi et Népoui, on représente quand même 75%», fait valoir Guy Tidjine, délégué syndical STKE

Un reportage de Jean-Noël Méro, diffusé le 15 janvier.  
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Manque d'approvisionnement

La crainte que fait planer ce conflit à la SLN, c’est le manque d’approvisionnement, qui pourrait obliger à arrêter un des fours de Doniambo. Affaiblie par le long conflit de Kouaoua, confrontée à une mauvaise conjoncture, la société se bat aujourd’hui pour sa survie.
 
 

Manques à gagner

En 2018, les grèves auraient coûté à la SLN un demi-milliard CFP, dont 200 millions rien que pour le mois de décembre. Ce qui s’ajoute aux pertes colossales de l’entreprise - plus de 100 milliards de pertes de résultats sur les sept dernières années. La SLN qui a emprunté à l’Etat et à la maison-mère Eramet 63 milliards pour continuer à fonctionner. 

Retrouvez l’analyse d’Erik Dufour et Patrick Nicar diffusée le 11 janvier.
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