Encore méconnue du grand public, la surveillance génomique occupe une place de plus en plus importante dans la recherche en santé globale. Elle fait l’objet cette semaine d’un colloque de quatre jours à la CPS, auquel participe une centaine d’acteurs, dont des représentants du secteur de la santé humaine, animale et environnementale, de Nouvelle-Calédonie et de l’Hexagone, mais aussi de Nouvelle-Zélande, du Cambodge ou encore de Fidji.
"Il s’agit de surveiller des bactéries ou des virus qui causent des maladies en séquençant leur génome -leur carte d’identité- ou leur ADN", explique Myreille Dupont-Rouzeyrol, responsable de l’unité dengue et arboviroses à l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et organisatrice de l’événement.
Mieux anticiper les épidémies
Baptisé SPOP (surveillance génomique des pathogènes dans le Pacifique), "cet atelier vise à détecter et surveiller les émergences d’agents infectieux ayant un potentiel endémique", précise l’Institut Pasteur, organisateur de cet atelier qui se déroule à la communauté du Pacifique.
Plusieurs pathologies sont concernées : la grippe aviaire, la leptospirose ou encore la Covid-19 qui a fait des millions de victimes. Peut-on mieux anticiper l’émergence de ces maladies ? Comment réduire les délais d’identification et mieux adapter les réponses ? Voici quelques questions qui seront posées au cours de ce colloque pour mieux se préparer à de nouvelles crises sanitaires.
Climat et santé
Particularité de la démarche : le fonctionnement et l’impact de ces pathogènes est abordée dans une approche "One Health", autrement dit disciplinaire qui mêle santé humaine, animale et environnementale. "Si l’on prend l’exemple de la leptospirose, l’homme va contracter la maladie au contact de son environnement. Cela peut-être au niveau du sol ou au contact des animaux", observe Myreille Dupont-Rouzeyrol.
Le colloque s’intéressera notamment à l’impact du changement climatique sur la santé publique dans le Pacifique.
Réseau mondial
La surveillance génomique est une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). "On doit participer à cet effort mondial", indique la chercheuse, qui souligne que la Nouvelle-Calédonie a les moyens scientifiques et matériels de séquencer les génomes de ces bactéries et de ces virus.
L’objectif de ce colloque, ajoute Myreille Dupont-Rouzeyrol, est d’"avancer ensemble dans la création d’un consortium, d’un réseau de surveillance génomique des pathogènes dans le Pacifique". En cas de nouvelle épidémie, "il faut qu’on se prépare et la génomique est un atout au service de la santé publique".