Grosses divergences au Congrès sur la question du foncier

Le texte sur le cadre du domaine privé des collectivités calédoniennes a été le déclencheur de débats entre indépendantistes et non-indépendantistes ce mercredi boulevard Vauban. Le foncier reste un sujet hautement sensible.
Près d’un million d’hectares, c’est ce que représente le domaine privé des collectivités calédoniennes. Un domaine régi par des règles obsolètes, qui datent de 1991.
Ce mercredi, au Congrès, un projet de loi de pays était examiné pour réformer ce cadre. Mais il a cristallisé les tensions entre loyalistes et indépendantistes sur une question épineuse :  la réforme du foncier en Nouvelle-Calédonie. 
Pour favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs, le projet de loi prévoit notamment deux points : permettre aux personnes non propriétaires de louer ces terres domaniales à condition de les mettre en valeur, et leur offrir la possibilité d’acheter au bout de 15 ans. 
 

« Ne pas dilapider le domaine foncier de la Nouvelle-Calédonie »

Un projet de loi inacceptable pour les indépendantistes qui veulent au contraire durcir l’accès à la propriété foncière en la réservant aux seuls Calédoniens.
« Le texte risque de durcir nos différentes positions, donc il faut que nous engagions le débat sur le foncier. » explique Daniel Goa, du groupe UC-FLNKS et Nationalistes.  « C’est un débat qui pour nous est lié à la souveraineté et on ne peut pas se permettre de dilapider le domaine foncier de la Nouvelle-Calédonie sous prétexte qu’il faut produire de l’agriculture. Il y a des baux qui sont là. Si aujourd’hui, les privés ne louent pas, c’est parce qu’il y a de la spéculation foncière dessus ».
En toile de fond : La question du transfert de l’Adraf, qui n’a toujours pas abouti, malgré deux années de discussions. 
 

« Une nécessité de faire évoluer les choses »

Un sujet dont il faut se saisir d’urgence pour pallier la rareté du foncier, selon Nicolas Metzdorf, en charge du secteur de l’agriculture au gouvernement et promoteur de ce projet de loi. 
« Les élus politiques qui sont là depuis longtemps ne sont pas assez mûrs pour faire avancer ce sujet, c’est une question de générations. Moi, je n’ai pas de tabous avec çà, je crois qu’il y a une nécessité de faire évoluer les choses au niveau foncier en Nouvelle-Calédonie et on a encore une représentation politique qui n’est pas prête à assumer ce sujet-là. C’est dommage parce que sur le terrain, les gens nous disent toujours : « le foncier est trop cher, on ne sait pas comment s’installer ; vous nous dites de produire des biens alimentaires mais on n’a pas de terrain pour le faire  et c’est inabordable ».
Adopté à 29 voix contre 22 grâce au camp non-indépendantiste, le projet de loi devra pourtant repasser par la case commission. 
Le groupe UC-FNLKS et Nationalistes a en effet demandé une deuxième lecture du texte. 

Revoir ci-dessous la séance du Congrès du mercredi 6 mars 2019