Le HCR accuse l’Australie de renier un accord sur les réfugiés

Centre de rétention de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Le gouvernement australien recardé par l’ONU. Le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) a accusé lundi l'Australie de renier un accord qui visait à trouver une solution au problème des réfugiés relégués par les autorités australiennes dans des camps offshore.
Le HCR a expliqué qu'il avait accepté en novembre d'aider à organiser le transfert aux Etats-Unis de certains de ces détenus dans des camps installés dans des iles du Pacifique, mais à la condition que Canberra accepte de laisser entrer sur son territoire des demandeurs d'asile ayant des attaches en Australie.
                  
"Nous avions accepté à la condition claire que des réfugiés vulnérables ayant des membres de leurs familles en Australie seraient au final autorisés à s'y installer", a déclaré dans un communiqué le Haut-commissaire Filippo Grandi.
                 
"Le HCR a été récemment informé par l'Australie qu'elle refusait même ces réfugiés."
                 
Selon l'organisation, les autorités ont fait savoir à ces réfugiés relégués dans les camps de rétention de l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et de Nauru, que leurs seules options étaient soit de rester où ils étaient, soit de partir au Cambodge ou aux Etats-Unis.
                 

Une position très ferme de l’Australie

Au nom de la lutte contre les gangs de passeurs et de la nécessité de dissuader les migrants tentant la périlleuse traversée vers l'Australie, Canberra repousse systématiquement en mer les bateaux tentant de gagner illégalement ses côtes.
                  
Les migrants qui y parviennent - originaires principalement d'Afghanistan, du Sri Lanka ou du Proche-Orient - sont relégués pour des durées indéterminées dans des camps reculés.
                 
Même si leur demande d'asile est jugée fondée, ils ne sont pas autorisés à s'installer sur le sol australien, une position qui a été réaffirmée lundi par le ministère de l'Immigration.
                 
"La position du gouvernement de coalition est claire et constante: ceux qui sont transférés dans un Centre régional de traitement ne s'installeront jamais en Australie", a dit un porte-parole.
                 
Ce qu'avait aussi réaffirmé dimanche le ministre de l'Immigration Peter Dutton: "Non, les gens ne viendront jamais en Australie. Je l'ai dit constamment, comme le Premier ministre, comme en son temps le Premier ministre (Tony) Abbott."
Une manifestation en faveur des réfugiés en février 2016 à Melbourne.

 

                 

Des conditions de détention régulièrement dénoncées

Les organisations de défense des droits de l'homme ont multiplié les rapports pour dénoncer les conditions de détention dans les camps offshore et le "désespoir absolu" de leurs occupants. Canberra maintient un blackout sur ce qu'il s'y passe et sur ses opérations maritimes.
                 
Le Premier ministre Malcolm Turnbull avait conclu l'an dernier un accord "exceptionnel" avec Barack Obama pour la réinstallation aux Etats-Unis d'un certain nombre de demandeurs d'asile.
                 
Fustigeant un "accord stupide", Donald Trump avait néanmoins indiqué que son administration le respecterait. Mais on ignore combien de réfugiés pourront partir aux Etats-Unis.
                 
On dénombre plus d'un millier de personnes dans les camps australiens offshore.
                 
"Pour éviter que leur calvaire ne dure, le HCR n'a d'autre choix que de soutenir la réinstallation de tous les réfugiés de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Nauru aux Etats-Unis, même ceux qui ont de la famille proche en Australie", a indiqué l'ONU.