C'est la question que posent les habitants depuis la publication d'un rapport de l'armée américaine, en novembre dernier. Selon ce document, il y a d'importantes quantités de substances chimiques dans les eaux entourant la base d'essais américaine sur l'atoll de Kwajalein.
•
L'inquiétude grandit aux Îles Marshall. Le poisson, la nourriture de base des habitants des atolls de Kwajalein et d'Ebeye, est contaminé par les substances chimiques rejetées par la base militaire américaine. C'est l'armée américaine qui l'a révélé, précisant que les poissons que l'on peut pêcher dans le port de la base sont hautement cancérigènes. En cause : la présence de quantités considérables de biphényles polychlorés (BPC) dans les eaux. Ces composés synthétiques ont longtemps été utilisés dans la fabrication de matériel électrique et on peut les retrouver dans la mer à la suite d'une pollution.
Le problème semble si grave que l'armée américaine a décidé d'interdire la pêche dans plusieurs endroits de l'archipel - autour de Kwajalein, mais aussi des autres atolls qui servent de base de tir de missiles, Meck, Illigeni, Ellep et Jerak. Mais pour le moment, on n'a pas d'idée précise de l'ampleur de la pollution et de son impact sur la santé des habitants, souligne Giff Johnson, le rédacteur en chef du Marshall Islands Journal : « Les gens ont pêché dans la zone pendant toutes ces années et de nombreux employés de la base américaine pêchent du bord - de la jetée, des installations portuaires - pendant leur pause déjeuner ou après le travail. On est aux Îles Marshall, les gens mangent beaucoup de poisson et c'est d'ailleurs pour ça que le rapport suggère que le risque pour les Marshallais est bien plus grand que pour les Américains ou les autres employés de la base, qui mangent moins de poisson. »
L'armée américaine a organisé des réunions publiques, ces dernières semaines, à Kwajalein et à Ebeye, où vivent 10 000 Marshallais. Mais aucune action concrète n'a été entreprise, selon Giff Johnson. Des responsables politiques réclament la réalisation d'une étude épidémiologique. Il faut aussi penser à l'avenir : en vertu d'un accord signé avec les autorités marshallaises, les États-Unis peuvent utiliser la base de Kwajalein pour y effectuer des tirs de missiles jusqu'en 2066.
Rappelons que dans les années 1950 et 1960, les États-Unis ont effectué 67 essais nucléaires dans l'archipel des Marshall.