Îles Salomon: la bataille Nickel continue

Qui remportera le droit d'exploiter les gisements de nickel dans la province d'Isabel ? Depuis cinq ans, une petite entreprise australienne, Axiom, et un mastodonte japonais, Sumimoto, convoitent le site. La justice salomonaise vient de pencher en faveur des Japonais.
La cour d'appel des Îles Salomon a rendu son jugement : Axiom perd sa licence d'exploration. Les trois juges étrangers ont tous estimé que les 42 kilomètres carrés de terres coutumières avaient été transférées illégalement aux partenaires d'Axiom, il y a cinq ans.
 
C'est une victoire pour le géant minier Sumimoto, à l'origine de cette action en justice avec quelques propriétaires coutumiers mécontents. John Sullivan est le directeur du cabinet d'avocat Sol-Law, basé à Honiara, qui travaille pour Sumimoto :
 
« C'est une grande victoire pour eux. Ils sont gagnants sur toute la ligne. Tout ce pour quoi ils se battent depuis cinq ans a été jugé légitime. Je pense que c'est l'affaire de terres la plus importante depuis l'indépendance. »
 
Cela ne signifie pas, cependant, que le géant japonais va pouvoir exploiter le nickel. D'autant qu'Axiom ne s'avoue pas vaincu, comme le fait savoir son PDG, Ryan Mount :
 
« C'est un revers, mais ce n'est pas un revers majeur ni notable, de notre point de vue. Pour ce qui est des terres, on nous a présenté des titres de propriété et on nous a octroyé un bail. Si ces terres sont de nouveau considérées comme des terres coutumières, alors on traitera directement avec les propriétaires coutumiers et il se trouve qu'ils sont nos partenaires, ils détiennent une participation de 20% dans notre joint-venture Axiom KB. Donc dans un cas comme dans l'autre, on ne pense pas qu'il y ait de problème. »
 
Axiom KB a d'ailleurs déjà déposé une nouvelle demande de licence d'exploration. Mais la petite entreprise australienne va peut-être devoir affronter un autre adversaire : le gouvernement salomonais. Dans un communiqué, les autorités se félicitent de la décision de justice, qui va « permettre à une compagnie minière honorable de développer ce projet d'exploitation du nickel ». Ryan Mount n'est pas inquiet, assure-t-il :
 
« Ce communiqué a pu être publié sans le feu vert des personnes qui auraient dû être consultées. On a échangé avec le bureau du Premier ministre, qui était quelque peu désolé, et je suppose qu'il y aura une clarification. Le gouvernement a dit qu'il attendait avec impatience notre nouvelle demande de permis, qu'on a déjà déposée. »
 
Effectivement, le bureau du Premier ministre vient de revenir sur son communiqué, affirmant que le texte en question « ne reflétait pas la position du gouvernement sur la question ». Les autorités disent surtout se réjouir de la fin de cette bataille judiciaire, qui devrait permettre de relancer les projets d'extraction du nickel.
 
Sumimoto pourrait aussi demander une licence d'exploration, mais si elle veut l'emporter, l'entreprise japonaise devra renoncer à d'autres permis - les Îles Salomon fixent la limite à trois licences par entreprise.