Est-ce réellement, comme on a pu le lire, l'arnaque pour les quelques 300 investisseurs calédoniens qui ont misé sur l'immobilier en Thaïlande? Il s'agirait en réalité des retombées négatives du Covid sur le tourisme et des appartements sans locataires depuis un an. Explications.
Drame de la pandémie de Covid-19 ou escroquerie ? Telle est la question que beaucoup d'investisseurs calédoniens se posent, après avoir misé sur l'immobilier en Thaïlande et via la société New Nordic Group. Retour quelques années en arrière, pour inciter les gens à investir dans ce pays : les publicités sont alléchantes comme les revenus promis par les opérateurs telle la société New Nordic et ses agents à travers le monde. Au minimum 10 % de l’investissement par an : un rendement assez exceptionnel... Mais ces derniers mois, les rumeurs ont circulé en force : les appartements sont vides faute de locataires, la société serait en faillitte et en réalité, et l’arrivée du Covid à travers le monde a tout chamboulé.
"Plus aucun touristes en 2020"
En dix ans, Stéphane Crocherie, gérant d'Osiris Investissements à Nouméa, a vendu ces produits immobiliers à quelques 320 clients calédoniens. Il ne remet pas en cause l'intégrité du promoteur, comme beaucoup ont pu le faire dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Il indique, par ailleurs, que la société thaïlandaise a construit 60 immeubles et gère 4 500 biens.
Par le fait du Covid, la gestion locative à but touristique est déstabilisée puisqu’en 2019, il y avait 40 millions de touristes en Thaïlande et pour simplifier, en 2020, il n’y en avait plus aucun. Forcément, cette société a subi des pertes lourdes.
La société thaïlandaise devant la justice
Ces pertes ont empêché la New Nordic de verser les dividendes à partir de mars 2020. Sur les réseaux sociaux comme dans la presse, les rumeurs se sont répandues : arnaque, faillite, mauvaise gestion ou encore attaques envers le PDG norvégien Kurt Svendheim. Un site internet a d'ailleurs été créé par des victimes présumées de New Nordic.
Paul* possède plusieurs biens en Thaïlande. Ce Calédonien préfère relativiser, après avoir lu les articles qui indiquaient la faillite de Nordic. "Ils ne sont pas en faillite, ils vont demander un plan de réhabilitation, de redressement… ce qui est parfaitement normal pour qu’une société se protège de ses créanciers un peu voraces qui veulent récupérer leur cash", indique Paul.
En février dernier, New Nordic a effectivement déposé un dossier auprès du tribunal de Bangkok, dans lequel elle reconnait son impossibilité à honorer ses dettes. En toute transparence, elle y affiche ses pertes à hauteur de 4 milliards de baht soit 12,8 milliards de francs CFP. Objectif pour l'entreprise : éviter la faillite. La justice thaïlandaise devrait rendre sa décision le 31 mai. Le juge devra examiner si l’entreprise est bien dans l’impossibilité de payer ses créanciers, à quelle hauteur et si elle a présenté son bilan de bonne foi, avant de se prononcer sur un redressement. "La logique voudrait que tout le monde participe au plan de redressement car tous les clients sont des clients de cette société et si les clients veulent recouvrer leur créances, c’est la seule solution", explique Stéphane Crocherie.
En attendant, les investisseurs calédoniens peuvent suivre le cours des événements en visio-conférence, avec un avocat sur place à Bangkok chargé de défendre leurs intérêts.
*Le prénom a été changé