Les incendies du Mont-Dore ont brûlé 800 hectares et ne sont pas terminés

Le mont Kotoredji qui se dresse entre Mouirange et La Coulée, vendredi 12 janvier au matin.
Une nouvelle journée sous le signe de la lutte contre les feux, dans le Sud du Mont-Dore. Selon la sécurité civile, à la mi-journée, 450 hectares de végétation étaient partis en fumée dans le secteur de la mine Ada et de N'Go, et 350 hectares vers la Patte d'oie à la Lembi-Mouirange.
[MISE A JOUR DE VENDREDI APRES-MIDI]

L'incendie qui sévit depuis jeudi matin dans le secteur de la Lembi-Mouirange prend de l'ampleur et s'étend. Ce vendredi en début d'après-midi, la route du Sud a été fermée à la circulation à hauteur de la zone industrielle de La Coulée. D'impressionnantes fumées noires s'échappent du bord de route. Elles seraient dégagées par des épaves de voiture qui se trouvaient là et ont été calcinées par le feu.

Nouveaux départs

Ce matin, Guillaume a cueilli les courgettes au rythme de l’hélicoptère bombardier d’eau. Ce travailleur agricole s’affairait sur une propriété de la Lembi, à la limite de La Coulée, en contrebas du centre commercial, et l’hélico effectuait des largages au bord de la rivière. De nouveaux départs de feu ont en effet été constatés, comme vers le terrain de rugby près du pont de La Coulée. Mais l’air était plus dégagé que la veille: «Hier, on ne pouvait pas respirer, tellement il y avait de fumée», lance Guillaume.

Lâcher d'eau sur un nouveau départ de feu, vers la rivière de La Coulée.

Rotations du bombardier

Pendant ce temps, l’hélicoptère dirigeait ses rotations sur les flancs du mont Kotoredji. La montagne qui se dresse à hauteur de l’embranchement Yaté - Plum a été ravagée par l’un des incendies qui touche le Sud du Mont-Dore depuis mercredi après-midi. Bilan en fin de matinée: 800 hectares brûlés, dont 450 sur le secteur Ada et 350 du côté de la Patte d'oie à la Lembi-Mouirange.

Evolution favorable

«On a établi un dispositif renforcé aujourd’hui par rapport à hier, décrivait ce matin Olivier Ciry pour la sécurité civile. On est sur deux incendies séparés. D’un côté, l’incendie qu’on a baptisé Ada, du nom de la mine d’où il est parti, qui a rejoint l’incendie de N’Go. Et puis vous avez toujours le secteur de la Patte d’oie.» Dans cette zone, précise un communiqué diffusé en fin de matinée, le feu «évolue favorablement, mais de nombreux points chauds doivent être traités».

Sur la route de Mouirange, camion de pompiers partant se mettre en position.

Un poste de commandement à la caserne de La Coulée

Et de décrire les moyens engagés ce vendredi: «L’hélicoptère bombardier d’eau, gros porteur, a commencé à faire ses premières rotations dès 6 heures, sur le secteur de la Patte d’oie, pour continuer de sécuriser les habitations concernées par l’incendie. On a aujourd’hui 42 sapeurs-pompiers, issus des quatre communes de l’agglomération et de la sécurité civile, qui sont au travail depuis ce matin, 7 heures. On a douze engins sur site.» Des moyens humains et matériels répartis sur les sites. Un poste de commandement opérationnel, armé par des officiers de la sécurité civile, a par ailleurs été établi au centre de secours du Mont-Dore.
Ecoutez Olivier Ciry joint par Annie Dubut.

Le maire dit «merci»

Mont-Dore dont le maire a transmis ce matin un communiqué. Eric Gay «tient à remercier» le président du gouvernement et ses homologues du Grand Nouméa (les maires de Nouméa, Dumbéa et Païta) pour les renforts qu’ils apportent face à ces incendies. A 11h30, le feu d'Ada était signalé comme «désormais fixé», mais de nombreux points chauds subsistaient, engendrant un risque de reprise. Trois camions-citerne légers, issus des garde-nature de la province Sud au parc de la rivière Bleue, étaient en cours de transit pour traiter les lisières. 

Sur une exploitation agricole du lotissement Doudeuil, à la Lembi-Mouirange.

Quotidien perturbé​

Côté Mouirange, c’est hier matin que le feu a commencé à courir à travers la végétation et à menacer les exploitations agricoles de ce véritable grenier du Grand Nouméa. A quelques encablures des champs où travaille Guillaume, Martial Kaddour cultive des fleurs et des légumes pour l’entreprise Chen San. Mais ce matin, il n’est pas allé le vendre comme d’habitude au marché de Nouméa.

Le feu est passé sur ce tuyau d'alimentation en eau, à la Lembi-Mouirange.

«On a tapé le feu toute la nuit»

Depuis qu’il est rentré de la Moselle hier midi, cet habitant du lotissement Doudeuil a été absorbé par la lutte contre les flammes qui menaçaient la propriété. «On a tapé le feu toute la nuit, ma femme et moi», racontait-il ce matin, après avoir échangé avec un groupe de pompiers. Et de montrer ses tuyau d’alimentation en eau, gisant sur le relief brûlé. «En quarante ans qu’on habite ici, ça fait deux fois seulement que ça brûle.»

Le mont Kotoredji, brûlé, vu depuis le col de Mouirange.

«Tout perdu»

Rappelons que vers la Patte d’oie, l’exploitation de Bruno Pomina a essuyé de lourdes pertes. «On n'a plus rien. Là, on a tout perdu, déplorait le producteur hier, au micro de René Molé. Tout notre réseau électrique a brûlé, la conduite d’eau, la cuve de 50 000 litres qu’on a là-haut dans la montagne, toutes les serres…» Puis les installations en contrebas, comme les docks partis en fumée sous ses yeux. Dans ce quartier de la Lembi-Mouirange, une cinquantaine de personnes avaient été évacuées, hier, dont la maison de retraite Gaëtan-Brini.