Fortement dépendante des marchés extérieurs pour subvenir aux besoins de sa population, la Nouvelle-Calédonie a subi le contre-coup de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. Comme beaucoup d'autres territoires.
Les cours des matières premières et du dollar, principale monnaie d’échange commercial, ont augmenté. Résultat : les prix ont gonflé. De 3,7% en moyenne, indique l’Institut de la statistique et des études économiques dans sa synthèse annuelle, publiée ce mercredi.
En trente ans, l'inflation s'est approchée deux fois des 3%, en 2006 et 2008, mais c'est la première fois qu'elle dépasse ce seuil. "Là, c’est vraiment une inflation exceptionnelle pour la Nouvelle-Calédonie", commente Olivier Fagnot, le directeur de l'Isee. Et la tendance se poursuit, explique-t-il au micro de Coralie Cochin.
“Cependant, si le niveau de l’inflation rompt avec la tendance des années précédentes” en étant 0,7% au-dessus de la moyenne des dix dernières années, “celui-ci semble particulièrement modéré au regard de la situation de bon nombre de pays”, souligne l’Isee. Qu'il s'agisse des voisins du Pacifique.
Ou des principaux partenaires commerciaux.
A l'exception du Japon et de la Chine, les principaux partenaires commerciaux de la Nouvelle-Calédonie semblent ainsi avoir été plus vulnérables à la montée des prix des carburants et de l’alimentaire. Dans ce domaine, le territoire a pourtant dû faire face à un autre aléa, climatique celui-ci, avec les pluies de la Nina. “Jamais les prix de l’alimentaire n’avaient enregistré pareille hausse”. 6,8% en moyenne.
Gilles Vernier, le président de l'UFC-Que choisir, s'en inquiète. Son interview par Coralie Cochin :
Outre celle des fruits et légumes, la flambée des prix des matières grasses importées est soulignée par l’Isee. Conséquence de la baisse de production en Ukraine, gros fournisseur de colza et de tournesol, mais aussi en France et en Nouvelle-Zélande, alors que la demande augmentait.
La viande, elle, a pris 6,4%, notamment à cause de l’augmentation des prix des céréales importés, mais "cette hausse reste relativement mesurée”. En partie grâce à la réactivation de bouclier-prix. Tout comme celle du pain, des pâtes, du riz ou des autres céréales, qui pèsent lourd dans le panier des ménages modestes.
Autre secteur de poids dans le budget des 20% les plus modestes : les services. Là encore, “la hausse est contenue”, à 1,7%. La fourniture d’eau a cependant augmenté de 12,5%, le transport aérien de 4,6%, les cantines de 4,1% et l’assainissement de 3,6%, retient l’Isee.
Les tarifs de l’électricité ont par ailleurs dû être débloqués par le gouvernement. Eux entrent dans la section énergie, où l’inflation a atteint 17%. Mais si l’on zoome sur les carburants, la Nouvelle-Calédonie s’en sort encore une fois relativement bien.
“En mai 2022, les autorités locales ont pris des mesures de régulation pour en amortir l’impact auprès du consommateur calédonien”, rappelle l’Isee. “Le choc a ainsi été contenu à la pompe, avec une hausse de 28 % pour l’essence et 45 % pour le gazole, en moyenne sur l’année.” Il l'a également été sur le coût du transport en général. Il a augmenté de 7,8% pour les Calédoniens. De 15% pour les Australiens. Et de plus de 12% pour les Néo-Zélandais.
Autre explication à la relative faible inflation enregistrée en Nouvelle-Calédonie : la baisse des prix des produits manufacturés. “En trois ans, la chute oscille entre 13% et 15% pour les gros appareils électroménagers ou le jardinage et l’audiovisuel, et atteint même 35% pour la téléphonie.”