Les récentes inondations dans le Nord de l'Australie ont provoqué des ruissellements qui menacent «d’étouffer» la Grande barrière, préviennent les scientifiques, en privant les coraux de lumière et en apportant de la nourriture à des étoiles de mer prédatrices.
AFP, avec ABC et F.T. •
Dans le Nord du Queensland, plusieurs régions subissent toujours le contrecoup de pluies diluviennes sans précédent qui ont transformé des routes en rivière et inondé des centaines de maisons. Sur place, le nettoyage n'est pas terminé. Des pilotes professionnels ou amateurs restent à pied d'œuvre pour larguer du fourrage à des têtes de bétail affamées dont les pâturages ont été submergés, relaie ABC News. Et selon le Premier ministre, Scott Morrison, il faudra des années pour que les éleveurs se remettent de ces inondations.
Déversement
Dans ce contexte, des scientifiques de la James-Cook university du Queensland ont expliqué vendredi que les rivières gonflées avaient déversé des sédiments dans ce joyau environnemental. De quoi porter atteinte à la qualité des eaux et à leur luminosité. L'université a diffusé des images aériennes éloquentes prises à hauteur de Cape Cleveland, par exemple.ref_src=twsrc%5Etfw">@NQDRYTROPICS @gbrmarinepark@QldEnvironment@nesptwq@CSIROnewspic.twitter.com/X7ia3MSJid— James Cook Uni (@jcu) 15 février 2019
Besoin de lumière
«Les récifs coralliens et les herbiers marins ont besoin de lumière pour maintenir leur croissance et leur état de santé», a détaillé à l'AFP Jane Waterhouse, chercheuse à James-Cook. La longue période pluvieuse a été suivie par une météo calme, si bien que les eaux troubles ne se sont pas encore dispersées.
Jusqu'à cent km des côtes
Dans les zones les plus touchées, le corail est menacé d'être «étouffé». Comme à l'embouchure du fleuve Burdekin, où une marée boueuse s'est répandue sur une distance allant jusqu'à cent kilomètres des côtes. «Si elle reste sur place, il ne faudrait pas tant de temps que cela pour que certains de ces systèmes meurent», a ajouté la scientifique. Les effets de ces ruissellements ne seront vraiment mesurables qu'au bout de plusieurs semaines de surveillance.
Inscrite au patrimoine depuis 1981
Inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 1981, la Grande barrière de corail s'étend sur environ 2 300 kilomètres le long de la côte Nord-Est de l'Australie, et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde. Elle a subi en 2016 et 2017 deux épisodes de blanchissement sans précédent, un phénomène dû au réchauffement climatique.
Ruissellements aggravés
Mais ses récifs sont également menacés par l'acanthaster pourpre, une étoile de mer dévoreuse de coraux, qui ont proliféré en raison de la pollution et des ruissellements agricoles. Les inondations ont aggravé ces ruissellements, et par conséquent la croissance d'algues. Selon Jane Waterhouse, «elles fournissent une alimentation formidable qui permet à ces populations de prospérer».