Insultes, menaces de mort... Comment les journalistes font face à la violence sur les réseaux sociaux

A l’occasion de la condamnation d’un internaute pour menace de mort à l’encontre d’une de nos consoeurs, NCla1ère fait le point sur le phénomène des violences sur internet, notamment envers les journalistes, et des règles en vigueur. 

C’était en décembre 2020, en plein conflit de l’usine du Sud : la journaliste de NC la 1ère Thérèse Waïa se faisait menacer d’une "balle" par un ancien policier, dans un post Facebook. La justice a condamné cet internaute, lundi 21 juin, à une peine de 100 jours-amende à 1 000 francs CFP. L’homme comparaissait sur reconnaissance préalable de culpabilité. Il a également été condamné à verser un franc symbolique pour le préjudice moral et à rembourses les frais d’avocat. 

Une sanction symbolique pour défendre une profession de moins en moins épargnée par la haine en ligne. Pour Maître Martin Calmet, l’avocat de la journaliste Thérèse Waïa, il ne s’agit pas de faits à prendre à la légère. "Le procureur a fait le choix de poursuivre ces faits-là, de manière stricte, pour lancer un message fort en disant : 'on sanctionnera tous les dépassements, toutes les intimidations et toutes les menaces de mort qui peuvent être faites à l'encontre de toutes les personnes publiques en Nouvelle-Calédonie'". 

L'interview complète de Maître Martin Calmet à écouter :

Cyber-harcèlement itw Calmet

La journaliste Thérèse Waïa avait été insultée et menacée sur les réseaux sociaux en décembre 2020.

 

Des menaces jusque dans la vie réelle

Etre pris à partie quand on est journaliste, ce n’est pas nouveau en Nouvelle-Calédonie. Mais avec l’essor des réseaux sociaux, les médias, comme les politiques, sont devenus des cibles plus faciles. Et parfois, ce déferlement de haine en ligne peut déborder jusque sur le terrain, comme en témoigne Gilles Caprais, membre de la société des journalistes des Nouvelles Calédoniennes.

"Il y a quelques mois, après un faits divers sur la commune de Boulouparis, il y a eu quelques débordements sur les réseaux sociaux, et surtout, ça s’est traduit dans la vie réelle parce qu’un des journalistes des Nouvelles Calédoniennes et un confrère d’un autre média ont été pris à partie par des personnes, par des lecteurs, par des auditeurs… Déjà sur le web, ça arrive que ça aille trop loin, mais quand c’est dans la vie réelle, là, ça va vraiment beaucoup trop loin". 

Modérer les réseaux sociaux

En Nouvelle-Calédonie, le contexte est particulièrement bouillonnant, entre la crise sanitaire et le contexte référendaire. Pour la chaine de télévision Caledonia, c’est pendant le conflit de l’usine du Sud qu’est venu le déclic. Elle a adopté une charte de modération des réseaux sociaux qu’elle rappelle régulièrement aux internautes sur sa page Facebook.  

"Ça explique quels sont les messages qu’on va masquer pour que les gens comprennent pourquoi", explique Blandine Guillet, rédactrice en chef adjointe et responsable du numérique de Caledonia. "Donc c’est les insultes, c’est les messages haineux, racistes, ou les messages qui n’ont rien à voir avec le sujet qui est commenté. On ne peut pas tout dire sur les réseaux sociaux et les règles s’appliquent comme en dehors d’internet, ce sont les mêmes règles.

Sensibiliser à la violence en ligne

La haine sur internet, les animateurs numériques avaient déjà alerté les pouvoir publics sur le sujet, il y a deux ans, au travers d’une pétition. "On milite pour avoir un peu plus de moyens surtout de formation pour pouvoir continuer à se former, à former d’autres animateurs qui eux formeront des gens sur le terrain et feront des ateliers sensibilisation sur les dangers d’internet, sur la violence en ligne, etc.", explique Pablo Bari, responsable de la médiathèque du Mont-Dore.

Aujourd’hui, les menaces et les propos haineux sur la toile ne sont plus laissés sans réponse. L’an dernier, une trentaine de cas de violences numériques a été traitée par le tribunal correctionnel de Nouméa.