INTERVIEW. "Le cricket traditionnel peut rassembler l’ensemble de la Mélanésie", estime Steeven Selefen, conseiller technique régional

Invité sport du lundi 3 avril, Steeven Selefen ©NC la 1ère
Davantage d'équipes engagées, cette année, dans les compétitions de cricket en Nouvelle-Calédonie. Un cricket traditionnel qui cherche à être promu plus largement dans la région.

La saison de cricket est entamée. Dans le district de Nouméa, elle a repris le samedi 11 mars. Ce week-end des 1er et 2 avril, on jouait donc la quatrième journée de championnat, sur le stade de N’Du. Une compétition nouméenne dans laquelle six équipes de plus sont engagées cette année, trois chez les femmes et trois chez les hommes. Ce qui fait en tout seize équipes dames, partagées entre la première et la deuxième division, ainsi que treize équipes masculines (huit en première division et cinq en deuxième).

Compte-rendu ci-dessous, par Martin Charmasson et Christian Favennec :

A Lifou, retour aux matches depuis le 25 mars, avec huit équipes femmes et six équipes hommes.  D’autres comités se lancent le 22 avril : le Nord (sept formations, toutes féminines), mais aussi Ouvéa (six équipes hommes et autant chez les dames). Pour l’île des Pins (quatre équipes dames et sans doute trois équipes hommes), ce devrait être en mai.

Au journal télévisé de ce lundi 3 avril, la page sport avait pour invité Steeven Selefen, conseiller technique régional au comité national cricket. Un entretien dont voici une version enrichie.

NC la 1ère : Il y a davantage d’équipes cette année, dans le district de Nouméa. Quelles sont-elles ?

Steeven Selefen : Chez les dames, ce sont Mouli sport, SC Ne Drehu et Wabay sport, qui était en sommeil. Chez les hommes, il y a Mouli sport, AS Gaïtcha et Iaai Iwaji, une autre équipe qui s’est réveillée.

Est-ce que c’est une tendance qu’on retrouve ailleurs ?

S.S. : Oui, effectivement. En plus des nouveaux clubs sur Nouméa, on peut noter l’AS Lito Gaïtcha sur Lifou. Le Nord est passé de trois équipes en 2022 à sept, avec la création de l’équipe de Poindimié le CO Main Noire, et le CO Koné. Et puis le réveil des Bengalis de Pothé et de l’Union sport Houaïlou.

La tendance se confirme un peu sur l’ensemble du territoire. On attend prochainement, aussi, les nouvelles équipes sur l’île des Pins et sur Maré. A l’île des Pins, il devrait y avoir deux autres équipes hommes, AS Kunié et Entente du Nord. A Maré, on devrait passer de trois à cinq équipes dames, avec l’USPC et Olympique du Nord de Maré. Et de une à trois équipes hommes (là aussi, USPC et Olympique du Nord).

Comment expliquez-vous ce développement ?

S.S. : L’année dernière, on a décentralisé notre championnat territorial des jeunes à Lifou. Cette année, on l’a décentralisé à Ouvéa. On a aussi resserré la vis. Avec la crise sanitaire, on avait été tolérants. Mais pour participer au championnat, il faut impérativement trois équipes par comité.

Cet engouement sur le plan local existe-t-il aussi au niveau régional ? Vous avez noué des échanges, ces derniers mois…

S.S. : Au Vanuatu, ils se sont mis à pratiquer [le cricket traditionnel] depuis déjà quelques années. Il y a près de dix-sept équipes féminines sur Tanna et sur Port-Vila. Dernièrement, on a pu rencontrer nos homologues de Fidji et de Papouasie Nouvelle-Guinée. On leur a proposé de se lancer dans la pratique du cricket traditionnel, le projet est en cours. On espère prochainement voir aussi ces pays de la Mélanésie pratiquer le cricket traditionnel.

Il y a également du cricket traditionnel en Polynésie ?

S.S. : Oui, à Samoa, ils ont un type de cricket traditionnel. On les a aussi touchés. Mais pour l’instant, on va commencer avec les pays de Mélanésie pour essayer d’avancer sur ce projet.

Aux Jeux du Pacifique, c’est le cricket international qui est proposé. A terme, vous aimeriez que le cricket traditionnel remplace le cricket international, dans une compétition de ce type ?

S.S. : Oui, pourquoi pas. L’ambition est là. Le cricket traditionnel, dans sa forme, plaît. Peut rassembler, fédérer l’ensemble des pays de la Mélanésie. C’est pourquoi on vise d’essayer de développer la pratique du cricket traditionnel sur le plan régional. Pourquoi pas, aussi, le proposer, peut-être pas dans l’immédiat, mais dans les prochaines échéances des Jeux du Pacifique.

Est-ce qu’il pourrait y avoir une coupe de Mélanésie, comme il en existe pour d’autres sports ?

S.S. : Oui, effectivement, c’est ce sur quoi nous avons travaillé avec nos homologues de Papouasie et de Fidji. On espère dans deux années pouvoir organiser une première coupe de la Mélanésie regroupant déjà la Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Fidji.

Quelles sont les principales différences entre le cricket traditionnel et le cricket international ?

S.S. : La principale différence se voit sur le lancer. Au cricket international, on lance à bras tendu et là, le lancer se fait à bras cassé. Aussi sur l’équipement. Pas de protections, au cricket traditionnel, contre des protections (les casques, les gants, les guêtres) au cricket international.

Si tout le monde passait au cricket traditionnel sur une compétition comme les Jeux du Pacifique, quelles seraient les chances de la Nouvelle-Calédonie ?

S.S. : On est les experts dans cette discipline, on espère rester au top. Mais il est vrai que la transition du cricket international vers le cricket traditionnel sera une chose facile pour les pays tels que la Papousie-Nouvelle-Guinée. Ça va aussi élever le niveau, donner de la motivation, de l'ambition, pour nous ici, dans notre pratique du cricket traditionnel local.