Le sourire franc, un côté un peu nonchalant et une épaisse tignasse qui cache une partie de son visage, le personnage ne laisse pas indifférent et attire tout de suite la sympathie. Mais c’est quand on commence à échanger sur ses ambitions et ses motivations que le champion apparaît.
Félicien est un garçon qui sait ce qu’il veut, et qui fera le nécessaire pour atteindre ses objectifs.
Aux Salomon, son objectif est clair : lancer sa course vers Paris et les Jeux paralympiques. "Je suis venu ici pour faire une bonne performance au 100 m, explique Félicien Siapo. J’ai réussi et je suis vraiment content."
Dans le top 5 mondial
Un chronomètre à 11,93 secondes en finale du 100 m debout, et même mieux en séries (11,88 secondes). De quoi le faire entrer dans le top 5 des coureurs de sa catégorie de handicap T44. "S’il avait fait ce temps aux Mondiaux de Paris l’an dernier, il aurait terminé troisième ou quatrième", souligne Olivier Deniaud, coach de l’équipe de France et responsable du pôle France de Nouvelle-Calédonie.
Et en bonus, l’or aux Jeux du Pacifique pour sa deuxième participation. "Je ne m’attendais pas à avoir l’or, s’étonne le coureur. Mais ce sont les jurés qui décident, et je suis fier de pouvoir amener cette médaille à la Calédonie." Aux Jeux du Pacifique, les catégories de handicap sont mélangées, et une table de cotation permet d’établir un classement qui peut être différent de l’ordre d’arrivée.
Repéré par Thierry Cibone
Voilà donc le jeune de Qanono qui voit son rêve olympique prendre forme en direct depuis les îles Salomon. "Quand j’étais petit, je voyais souvent les athlètes à la télévision", se souvient le coureur, victime d’un accident de la route alors qu’il n’avait que cinq ans. "Moi, je m’imaginais comme eux, aux Jeux olympiques. Et puis mes parents m’ont beaucoup soutenu. Ce sont eux qui m’ont poussé à aller faire de l’athlétisme handisport."
À Lifou, il est repéré par un certain Thierry Cibone, médaillé d’or aux Jeux de Sydney en 2000. "Je l’ai détecté quand il était au collège, raconte le colosse de Drehu. J’ai vu qu’il avait du potentiel. On a commencé par le lancer, avant de se mettre à la course un peu plus tard. Mais il a une progression constante."
Un mélange entre le corps et l’esprit. "Il a un physique parfait pour le sprint, pose Cibone. À cela, s’ajoute une force mentale exceptionnelle. Il a compris que le sport lui ouvrait des perspectives, humaines et professionnelles."
"Mentalité de gagnant"
Son année 2024 va être intense. "L’Australie en janvier, les Mondiaux au Japon en mai pour confirmer ma présence aux JO, et les championnats de France à Albi en juillet", détaille Félicien Siapo. Mais la qualification à Paris ne lui suffira pas. Et quand la question de ses ambitions aux Jeux est posée, Félicien coupe avant la fin de la phrase : "La médaille d’or."
Objectif maximal, pour le coureur de Lifou. "Si j’y suis, c’est pour gagner. Je ne veux pas avoir une mentalité de perdant." Au côté de Pierre Fairbank, de Nicolas Brignone et de Vitolio Kavakava, Félicien Siapo a tout pour devenir la nouvelle vedette du handisport calédonien.