La Journée des peuples autochtones tire les leçons de la pandémie

La Journée internationale des peuples autochtones a été créée par l’Onu il y a vingt-six ans. Cette année, le thème «Covid 19 et résilience» a offert des pistes de réflexion aux participants qui l’ont relayée en Nouvelle-Calédonie.
Comment le monde kanak a-t-il fait face aux problématiques posées par la crise du Covid-19 ? Et quels enseignements en tirer ? Tel était le fil conducteur de dimanche, au centre Tjibaou, qui relayait cette année encore la Journée internationale des peuples autochtones. Un événement organisé par le CNDPA (Conseil national pour les droits du peuple autochtone de Kanaky-Nouvelle-Calédonie), le Sénat coutumier et l’ADCK. 
 

Accent sur l'autosuffisance

Le faible nombre de participants n’aura pas empêché la richesse des échanges Cette journée au CCT a décliné deux questions en particulier : la capacité à se mettre en quarantaine et l’autosuffisance en termes de nourriture. Durant la crise sanitaire, trente tonnes de denrées alimentaires ont circulé en Calédonie. Une production locale et vivrière qui a démontré sa nécessité. Et mis en lumière l’importance de modifier nos modes de consommation, assure cette participante.
 

On essaie de répondre à des besoins qui ne sont pas forcément primaire. Comme avoir du thon tout le temps dans son assiette. Avoir des légumes qui ne sont pas du pays toute l’année. C’est repenser sa façon de consommer, la production, comment on distribue. 
- Angélina, participante

 

Perspectives

Répertorier les semences paysannes, établir un réseau de producteurs locaux, centraliser la production afin d’éviter les pertes… Les perspectives de travail sont nombreuses, pour pérenniser l’autosuffisance alimentaire et proposer des alternatives à la société de consommation. 
 

On a démontré que notre organisation, notre système de valeurs ont permis de faire face à ce genre de catastrophe. L’Onu veut valoriser ça, et prévenir les Etats et les gouvernements que dorénavant, face à ce genre de crises mondiales, il faudra faire avec les peuples autochtones.
- Jean-Yves Nomoigne, CNDPA

 

Le Covid-19 nous a renvoyés à notre façon de faire. On nous a isolés, et c’est comme une interpellation à une pratique d’antan qui nous avait assuré la survie. Parce qu’aujourd’hui, nous sommes rentrés dans une société consumériste à outrance, où on a créé artificiellement de nouveaux besoins. Auxquels on a malheureusement donné une importance capitale. Le Covid-19 nous interpelle sur ça, en disant qu’il faut qu’on revienne aux valeurs fondamentales.
- Wadei Washetine, participant

 

Nouveau modèle 

Des valeurs de solidarité, notamment, qui se sont révélées à cette occasion. Pour certains participants, elles devraient constituer le socle d’un nouveau modèle de société. Où le système éducatif, par exemple, intégrerait pleinement le mode de vie autochtone.
 

Nous avons un hiatus entre la vie dans les tribus et la vie dans la ville. Il est dû à un manque de transfert, un manque de transmission de savoir, et c’est ce que disait Nelson Mandela : l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer une nation. C’est pour ça que quand on parle de peuple autochtone, on parle aussi des langues kanak qui doivent à tout prix être enseignées dans les écoles. Elles véhiculent un mode de pensée, une conception du monde, une vision du développement économique…
- Germaine Bishop, CNDPA

 

Pauvreté et richesse

Evoquant l’exemple du Vanuatu, il aura également été question de définir pauvreté et de celle d richesse dans les valeurs océaniennes.

Le reportage de Loreleï Aubry et Cédric Michaut :
©nouvellecaledonie
 

De qui parle-t-on ? 

En Nouvelle-Calédonie, la notion de peuple autochtone se réfère à 106 000 Kanak, qui se répartissent pour 56%, en zone urbaine et 44% en zone rurale.
Le reportage d'Alix Madec : 

Journée des peuples autochtones 2020