Médaille d'or mondiale au dojo de Magenta
Il y a des moments d’exception sur les tatamis. A 26 ans seulement, Clarisse Agbegnenou en a connu de nombreux, de Tokyo au Japon où elle s’est parée d’une quatrième médaille d’or mondiale, à Rio au Brésil où la Rennaise avait accroché l’argent olympique autour de son cou en 2016. Mais parfois, des instants mémorables se produisent dans des lieux beaucoup plus discrets. Comme le dojo de la ligue calédonienne à Nouméa, situé juste derrière le stade Numa Daly et le vélodrome.
Le lendemain de son arrivée sur le territoire, la judokate française la plus titrée de l’histoire se présente devant une foule de benjamins et juniors du centre territorial d’entraînement et du pôle espoir de Nouvelle-Calédonie. La quadruple championne du monde et d’Europe, en kimono, prend la parole devant un public impatient.
« J’ai amené un petit cadeau pour vous » dit-elle.
Elle dévoile alors sa médaille d’or rapportée des derniers mondiaux en moins de 63 kilos, puis s’approche d’un jeune Calédonien, Charles Curé, pour lui remettre. Le trésor passe de judoka en judoka, d’émerveillements en sourires.
Des Cagous sidérés
Chloé Omo-Perraut (photo de Une) n'est plus très loin d'en être destinataire. Il y a quelques mois à peine, elle participait à Samoa aux Jeux du Pacifique. Les Calédoniennes s'étaient classées premières dans le par équipe. Là voilà face à une légende vivante, avec, désormais dans sa paume, une médaille d'or d'un autre poids. Le dernier de la file, Olivier, 9 ans, est chargé de rendre le précieux métal à celle qui l'a gagné.
" On aimerait bien avoir la même, quand même. Elle est lourde, elle est belle. Peut-être un jour ? " Chloé, judokate du pôle espoir de Nouvelle-Calédonie.
" Ca fait bizarre, très bizarre. Je suis très content. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut voir des champions du monde".
Olivier Roldan, judoka benjamin.
Petits secrets d'une grande championne
Pendant une heure et demie, Clarisse Agbegnenou partage ensuite son savoir. Elle explique comment chuter, détaille ses prises, propose différentes options. Les plus grands sont mis à contribution. Elle exécute sur eux les gestes que les autres devront reproduire. Les garçons les plus costauds du pôle servent de "cobayes".
Il y a du sourire et de l'attention. Elle prend le temps d'expliquer aux plus jeunes, filles et garçons. Ce ne sont pas de simples conseils d'observation. Elle se met en situation avec eux, pour aller plus loin encore.
" Pour nous les filles, c'est un modèle. On a les yeux ouverts en grand. On aime suivre son cours parce qu'elle montre des choses qu'elle a pratiquées en championnat. Des choses qui aident à gagner. C'est une star. Elle a montré des techniques debout où l'on passe derrière le dos de l'adversaire, ou d'étranglements au sol, et de retournement pour les petits, des projections. Je trouve qu'elle a une façon particulière de poser ses mains " témoigne Chloé.
" C'est un judo totalement différent de ce qu'on peut apprendre sur notre île, parce que c'est du très haut niveau. Ce ne sont pas des gestes plus forts. Ils sont beaucoup mieux effectués, c'est très propre, c'est très souple en fait " raconte Tanguy.
" Préparer la génération J.O 2024 "
Transmettre, un rôle qui tient à coeur à la championne. Encore plus à l'approche des Jeux Olympiques sur le sol français dans cinq ans.
Le reportage de Martin Chamasson et Christian Favennec" Paris 2024 arrive à grand pas, et ces jeunes-là vont prendre la relève. Ils apprennent très vite, ils sont très à l'écoute, ils sont contents de travailler, regardez comment je transpire !
(...) On est très loin de chez eux et venir ici à domicile, leur rapporter une médaille d'or mondiale qui n'a même pas une semaine, ça me fait plaisir. Ils ont vu la médaille et j'espère qu'ils se sont dits : moi aussi, je vais l'avoir plus tard "
Clarisse Agbegnenou