Le kava, or vert du Vanuatu

Sur l’ensemble du pays, la plante est la deuxième source de revenus pour de nombreuses familles. Si autrefois, le kava occupait une place centrale dans la tradition, désormais, il s’exporte. Bien au-delà de ses frontières.
C’est dans les environs de Port-Vila la capitale, que se vendent les différentes variétés de kava de quelques îles de l’archipel. Les producteurs viennent eux-mêmes les commercialiser. Leurs marchandises sont stockées dans ces cabanes en taule, louées par le propriétaire de l’endroit. Dans ce milieu de négociation où la qualité du produit est très recherchée, une productrice tire son épingle du jeu. Ellen Pakoa, 36 ans, a rapporté de son île dix-sept sacs de kava. À près de cent-mille francs cfp le sac, le business est rentable. « Je le plante avec mon mari. Le kava est en terre pendant quatre à cinq ans et on le récolte au bout de cette période. Avec l’argent gagné, je paie les frais de scolarité de mes enfants ainsi que les frais de construction de ma maison », révèle la cultivatrice. 
 

Revenus confortables


C’est un peu plus loin que se trouve le point de vente des producteurs de l’île de Pentecôte. Leur Kava est très demandé car ils commercialisent uniquement le Borogu, une variété qui selon eux fait du bien à l’organisme. Père Marck Ligo, cultive la plante depuis son plus jeune âge. Utilisé autrefois pour les usages de la tradition, le kava est devenu une source de revenus confortables pour les familles. « Le Borogu est une très bonne variété, il est très apprécié et les gens qui le vendent gagnent vraiment beaucoup d’argent avec. Ça nous rapporte beaucoup sur Port-Vila et quelques fois, on le vends aussi à Nouméa », assure le producteur.
 

Le soir venu, place au Kava time. Achetée dans la journée, la plante finit dans ces nakamals. Des établissements reconnaissables grâce à leurs ampoules colorées accrochées à l’extérieur. On compte cinq cent bars spécialisés à Port-Vila. Dans ces établissements, le kava est broyé, avant d’être pressé dans une ambiance feutrée. Le breuvage est servi dans des petits bols appelés shell. Selon la taille du contenant, les prix varient entre cent et trois cent francs. 

« Chaque nuit, on prépare vingt à vingt cinq litres. Cela dépend du nombre de personnes », lance Domenico Tabi, propriétaire de nakamal sur l’île. Une quantité que les spécialistes adaptent selon la demande, en temps réel. 


Export


Toutes les semaines, le kava en provenance des îles débarque à Port Vila. Hormis la consommation locale, il est aussi destiné à l’export. Selon l’office de la statistique, rien qu’en juillet de cette année, le Vanuatu en a exporté pour une valeur de cent soixante million de francs cfp. Ce qui en fait la deuxième richesse du pays, après le tourisme.

Le reportage de Thérèse Waia et Patrick Nicar à Port-Vila : 
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