Kevin Mayer, double champion du monde du décathlon : "On veut montrer que ce n'est pas un sport élitiste"

Le sportif Kevin Mayer était l'invité du journal télévisé mardi 6 décembre.
Le détenteur du record du monde du décathlon est en Nouvelle-Calédonie pour participer au premier Track'NC Games, dont il est le parrain. Cette figure incontournable de l'athlétisme se réjouit de partager sa passion.

C'est l'un des athlètes français les plus talentueux de sa génération. Double champion du monde du décathlon, détenteur du record du monde de sa discipline, Kevin Mayer a posé ses valises en Nouvelle-Calédonie. Le sportif parraine le Track'NC Games, un meeting d'athlétisme dont la première édition se déroule à Nouméa. Il était l'invité du journal télévisé mardi 6 décembre.

NC la 1ère : Avec ce défi sportif du Track'NC Games, c’est une fête qui s’organise autour de vous mercredi 7 décembre. Que vous apporte ce type de rencontre ?

Kevin Mayer : Cela m’apporte du plaisir parce que j’adore partager mon sport. L’athlétisme est un sport peu connu, en Métropole comme dans les îles et on essaye de le mettre en avant à travers ces évènements qui sont disponibles pour tous. On veut montrer que ce n’est pas un sport élitiste. C’est surtout un sport dans lequel on prend énormément de plaisir. C’est le but principal de ce mercredi : que tout le monde ait la banane à la fin de la journée.

Pourquoi le décathlon est-il considéré comme une discipline extrêmement difficile ?

Il y a trois sauts, trois lancers et quatre courses qui sont effectués sur deux jours. C’est une épreuve de sprint et de résistance. C’est difficile mais ça reste abordable à tout niveau. Bien sûr, on ne pourra pas faire 9000 points en claquant des doigts mais le plaisir et la fierté qui en ressortent sont disponibles à tous les niveaux.

On imagine aisément que le corps est ultra-sollicité dans ces circonstances. Comment se prépare-t-on pour performer dans des exercices si différents ?

C’est toute la difficulté du décathlon. Toute une vie ne suffirait pas à maîtriser ces dix épreuves. On essaye surtout de progresser le plus vite possible d’un point de vue technique tout en évitant les blessures car on ne peut pas pratiquer dix fois plus que les spécialistes dans une épreuve.

Il paraît que vous utilisez beaucoup la méditation, l’hypnose et l’acupuncture pour prévenir les blessures.

Les blessures ne viennent pas que de chocs. Elles viennent aussi de tensions, de stress. Être détendu et en accord avec soi-même, ce sont des parties du chemin pour ne pas être blessé.

Comment entretenez-vous le plaisir après une dizaine d’années de compétition ?

Le meilleur moyen d’être heureux dans la vie, c’est d’essayer beaucoup de choses jusqu’à trouver sa passion. J’ai la chance de l’avoir trouvée, et d’avoir fait de cette passion mon métier. Je n’ai jamais rechigné à aller dans un stade car j’adore ça. Il y a bien sûr à côté beaucoup de choses qu’on ne voit pas : la musculation, les soins, les obligations .. Mais quand je suis dans un stade d’athlétisme, je suis très heureux car c’est tout simplement ce que j’aime faire. Quand j’étais jeune, j’ai tout de suite su que le décathlon était ce qu’il me fallait après avoir essayé la discipline.

Certains enfants espèrent bien parvenir à vous battre ce mercredi. Vous aussi, vous avez développé très tôt cet esprit de gagne ?

Je ne sais pas vraiment. Je crois que j’étais gagneur, mais je me suis rendu compte petit à petit que le fait de gagner n’est pas le plus important. Il faut surtout se servir de l’adversité pour devenir plus fort soi-même. Aujourd’hui, c’est ce que je retiens avant tout. Au fur et à mesure, on se rend compte qu’il s’agit plus d’un combat contre soi-même que contre les autres.

Ce mercredi, des enfants vous demanderont forcément votre secret pour atteindre le haut niveau. Que leur répondrez-vous ?

S'ils me posent cette question, je leur répondrai qu’il faut trouver ce qui donne suffisamment de plaisir pour pouvoir le pratiquer pendant de nombreuses heures sans que ça ne paraisse long. Plus on prend de plaisir, plus le temps paraît court. Et plus on a d’heures de pratiques, plus on est fort. Bien choisir le domaine dans lequel on est compétent permet de définir jusqu’où on ira plus tard.

Jamais aucun Français n’a été triple champion du monde en athlétisme. C’est votre objectif ?

Il y a beaucoup d’objectifs. C’est vrai que les trois étoiles en athlétisme n’ont jamais été atteintes en France. Les Jeux Olympiques de Paris sont peut-être le plus grand rendez-vous de ma vie donc les deux prochaines années vont être très chargées et synonymes de beaucoup de pression. Il va falloir faire beaucoup de méditation (rires).