Glencore se porte bien si ce n’est ce caillou dans la chaussure : l’usine de nickel du Nord (KNS). Dans la présentation de ses résultats semestriels et pour montrer ses progrès dans le nickel ailleurs dans le monde, le géant suisse utilise le même procédé que Vale l’an dernier pour l’usine du Sud. Il publie la rentabilité opérationnelle (EBITDA) de sa branche nickel - mais "ex Koniambo", c'est à dire sans la Nouvelle-Calédonie. "Ce n’est pas bon signe" a commenté un expert calédonien du secteur, sous couvert d’anonymat.
Certes, les pertes du Koniambo n'impactent que modéremment les résultats de Glencore. Le géant suisse a déclaré des bénéfices exceptionnels, les mesures de relance dans les grandes économies alimentant la demande de matières premières telles que le nickel qu'il produit aussi au Canada, en Australie, et en Norvège.
Glencore a déclaré le mois dernier qu'il s'attendait à ce que ses bénéfices pour l'année entière et pour tous les métaux et minerais se situent dans le haut de la fourchette de 2,2 milliards de dollars à 3,2 milliards de dollars.
Tout irait donc pour le mieux, si le semestre n'avait pas été contrarié par les difficultés récurrentes de l’usine que détient Glencore en Nouvelle-Calédonie avec son partenaire calédonien SMSP.
"L'usine métallurgique (KNS) a débuté l'année en exploitation mono ligne (1 four sur 2 ndlr) conformément à une stratégie d'amélioration opérationnelle mise en œuvre en 2020. Au cours de l'année, le retour prévu à une exploitation à deux lignes a été affecté par la défaillance d'un groupe électrogène sur le site et le four (2) a subi une fuite lors de sa phase de remise en service. L'enquête approfondie sur la fuite se poursuit. La ligne (de production) à deux exploitations (fours) devrait reprendre en août." (Rapport Financier Glencore S1 2021).
Dans ce rapport, le géant suisse révèle qu’il a déprécié de 625 millions de dollars la valeur du complexe industriel du Koniambo. Glencore reconnaît encore que la grande mine de nickel et son usine ont souffert de "problèmes opérationnels répétés".
"Koniambo est clairement un atout difficile", a souligné Gary Nagle, le nouveau PDG de Glencore, à l’agence financière Bloomberg : "Au cours des six à douze prochains mois, nous procéderons à un examen approfondi de l’actif (. . .) et nous prendrons une décision sur ce que nous voulons faire."
A Londres, Jim Lennon, l’un des principaux analystes du nickel a commenté : "Rien de nouveau dans les chiffres, le nouveau PDG a déclaré que son investissement dans Koniambo serait réexaminé après le redémarrage du deuxième four ».
Dans son rapport de résultats semestriels (S1) en anglais (à découvrir ici), Glencore cite également pour expliquer la moindre performance de l’usine du Nord de la Nouvelle-Calédonie : l'émergence de remises plus élevées consenties sur le prix du nickel (pour l’acier inoxydable, celui que produit KNS ndlr), mais aussi un coût de production qui a été réévalué suite à des pannes de courant dans la centrale électrique et une fuite de scories à l'usine métallurgique du Koniambo".
Toujours selon Glencore, le résultat financier de Koniambo Nickel est en baisse de 25% au premier semestre (EBIDTA -21%) soit 90 millions de dollars contre 120 millions en 2020. Sur les six premiers mois de 2021, la production de nickel a chuté de 31% à 6 600 tonnes contre 9 600 au premier semestre 2020.
A l'heure où nous publions cet article, la direction de Glencore était en réunion à Zoug près de Zurich et nous a indiqué ne pas être disponible pour commenter ces résultats.
A titre de comparaison, la SLN a produit 19 000 tonnes de nickel au premier semestre 2021, trois fois plus que KNS, un résultat pourtant qualifié de "faible" par Eramet.
Selon les dernières statistiques de l'INSG publiées en juillet, l'Australie (+10%) aurait dépassé la Nouvelle-Calédonie (-20,7%) pour la production minière de nickel au premier semestre 2021. Dans les produits du nickel intermédiaire et pour la même période, les chiffres indiquent la montée en puissance de la production des usines australiennes (+153%) comparées à celle des usines calédoniennes (-24%).