L’armée française va renforcer son déploiement en Nouvelle-Calédonie

Sébastien Lecornu le 13 octobre 2021 à Nouméa
Au cours d’un déplacement à Singapour, le ministre des armées, Sébastien Lecornu, a annoncé que l’Etat allait renforcer et moderniser ses capacités militaires dans la zone Asie-Pacifique, notamment sur le Caillou et en Polynésie.

C’est une annonce qui n’est pas passée inaperçue. Malgré la crise en Ukraine, l’Etat entend renforcer et moderniser ses capacités militaires déployées en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, a indiqué le 12 juin dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.  "Il y a des craintes chez nos partenaires qui se demandent si la crise en Ukraine pourrait nous détourner de l'Indo-Pacifique, il n'en est rien", a-t-il déclaré devant le public du forum sur la défense et la sécurité en Asie-Pacifique Shangri-La Dialogue.

Six nouveaux patrouilleurs océaniques et cinq nouveaux avions de reconnaissance 

L'an prochain, la France continuera donc le renforcement et la modernisation des capacités militaires "avec le déploiement permanent, d'ici 2025, de six nouveaux patrouilleurs océaniques en Indo-Pacifique, dont deux dès cette année dans le Pacifique, l'un basé en Nouvelle Calédonie, l'autre en Polynésie" pour des "missions de surveillance et de souveraineté", a-t-il détaillé dans son discours.

"De la même façon, les cinq (avions de reconnaissance) Falcon du Pacifique seront remplacés par cinq nouveaux modèles plus modernes", a poursuivi le ministre des armées.

Une stratégie pour soutenir les dispositifs de défense multilatéraux 

Cette année, une mission de souveraineté dans le Pacifique, « Pégase 22 », est également prévue avec le déploiement combiné de Rafale et d'avions de transport militaire A400 M. Ainsi, les forces françaises vont continuer à participer à de multiples exercices multilatéraux, à en organiser certains afin de maintenir « une présence significative dans la région pour montrer l'attachement de la France à la stabilité de la région Asie-Pacifique ». 

Toujours selon Sébastien Lecornu, la stratégie française dans la région « n'est dirigée contre aucun État », mais soutient les dispositifs de défense multilatéraux. C'est ainsi que la France aimerait rejoindre l'organisation de défense ADMM+, qui rassemble les pays de l'Association des pays d'Asie du Sud-Est (Asean) et huit principales puissances de la région, dont la Chine et les États-Unis. 

Vers une relance de la coopération avec l’Australie ? 

Après l’annonce récente d’un accord de compensation significatif entre Canberra et le constructeur français de sous-marins Naval Group, la coopération entre l’Australie et la France pourrait bien être relancée. Un espoir pour Paris qui tente d’affirmer sa souveraineté dans la région après une double humiliation en 2021 : l’annulation du "contrat du siècle" et l’annonce d’un pacte de sécurité trilatérale entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni face aux tensions croissantes avec la Chine.

"Une nouvelle rassurante pour la sécurité régionale" selon Philippe Gomès

Dans un communiqué diffusé ce mercredi, le député Philippe Gomès, également président du groupe d’amitié France-Australie, manifeste sa satisfaction à l’annonce du renforcement des capacités militaires de la France dans la région, affirmant "le déploiement de six nouveaux patrouilleurs d'ici 2025 (...) est une nouvelle rassurante pour la sécurité régionale". Et de conclure, "l’accord de compensation entre le gouvernement australien et le constructeur français Naval group qualifié de "juste et équitable" par les deux parties et l’élection récente de M. Albanese (nouveau chef du gouvernement australien ndlr) permettent de dépasser la crise de confiance avec l’Australie et d’ouvrir la voie à de nouvelles discussions bilatérales à Paris."