Le 28 avril 1996, un homme de 28 ans, Martin Bryant, avait tué 35 personnes à Port-Arthur, dans le sud de la Tasmanie. Des centaines de personnes se sont rassemblées sur les lieux du drame ce 28 avril, en hommage aux victimes.
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« Nous commémorons votre ténacité et nous pleurons la perte de tant d'innocents, et de notre innocence », a déclaré le Premier ministre, Malcolm Turnbull, aux 500 personnes rassemblées ce midi à Port-Arthur.
Il y a vingt ans, un tireur solitaire a tué 35 personnes et en a blessé 23 autres. Il purge une peine de prison à vie.
Vingt ans après, la visite des ruines du bagne de Port-Arthur est une attraction touristique très populaire. Mais pour les habitants de la région, impossible d'oublier le drame qui s'y est produit. Ian Kingston est un ancien employé du site. Il y est retourné aujourd'hui pour assister à la cérémonie de commémoration :
« Un événement comme ça, ça change de la vie de tout le monde. Je vois la vie d'une manière complètement différente. Quand vous pensez que vous allez mourir, vous voulez profiter de chaque instant. Vous prenez soin de votre famille et je pense que c'est probablement toujours dans un coin de votre tête. Si vous n'y prenez pas garde, ça peut vous submerger, vous vous demandez si vous avez fait ce qu'il fallait, si vous auriez pu faire plus… »
Walter Mikac a perdu sa femme et ses deux filles dans la fusillade. Il n'a pas souhaité se rendre à Port-Arthur aujourd'hui - « les souvenirs sont trop forts », explique-t-il. Mais il a donné une conférence de presse à Melbourne, pour parler du contrôle des armes à feu.
C'est à la suite de cette tragédie que l'Australie avait pris des mesures fortes en la matière. Depuis l'adoption de ces nouvelles lois, en 1996, le pays a vu son taux d'homicide par armes à feu diminuer de moitié (1,4 homicide par an pour un million d'habitants). Walter Mikac s'en félicite :
« Je pense que nous sommes devenus un peu plus épris de paix, on ne ressent plus le besoin de régler un problème en brandissant une arme. Nos enfants ne sont pas habitués à voir des pistolets. Ils se sentent en sécurité quand ils marchent dans la rue et ça, c'est un sentiment assez exceptionnel. »
Walter Mikac invite toutefois à la prudence. Il faut veiller à ce que les lois soient toujours aussi restrictives, plaide-t-il :
« Ce n'est pas très important, mais une loi est passée en Nouvelle-Galles-du-Sud, permettant, je crois, aux enfants de 11 ans de tirer dans un club. Il n'y a pas de limite d'âge en Australie-Occidentale. Ce sont des petites choses, mais ça peut être la porte ouverte à autre chose. On ne dit pas qu'il faut des lois plus strictes, on dit juste qu'on veut maintenir ce que l'on a établi après Port-Arthur. Il n'y a pas eu de tel massacre ces vingt dernières années. Il est important que les gens aient ça en tête, si l'on ne veut pas se retrouver de nouveau dans une situation où une tuerie peut arriver. »
Après le massacre, des centaines de milliers d'armes à feu avaient été détruites, mais selon une étude de l'université de Sydney, il y a aujourd'hui plus d'armes en circulation en Australie qu'il y a 20 ans : on en dénombre plus d'un million (1,026). Le nombre de détenteurs d'armes est toutefois en forte diminution. Ceux qui en achètent sont principalement ceux qui en possèdent déjà plusieurs.
Pour aller plus loin : notre décryptage sur le contrôle des armes à feu en Australie.