Le Premier ministre Anthony Albanese a dévoilé un programme destiné à aider l'Australie à rivaliser avec ses partenaires mondiaux qui accordent des subventions massives aux nouvelles industries.
Baptisée "Future Made in Australia Act", cette loi, qui doit être adoptée cette année, marquera une rupture avec les politiques de libre-échange de l'Australie en matière de commerce et d'investissement, en vigueur depuis des décennies. "Nous devons être prêts à rompre avec les vieilles orthodoxies et à actionner de nouveaux leviers pour faire avancer l'intérêt national", a déclaré le Premier ministre du Parti travailliste, de centre-gauche. Bien qu'aucun chiffre n'ait été donné, le programme d'incitation financé par le contribuable vise à concurrencer les efforts d'autres pays, tels que les investissements massifs du président américain Joe Biden dans le cadre de la loi américaine sur la réduction de l'inflation.
"Ne pas rester sur la touche"
D'autres partenaires commerciaux, dont la Chine, l'Union européenne, le Canada et le Japon, ont également investi dans leur base industrielle et leurs capacités de production. "L'Australie ne peut pas se permettre de rester sur la touche. Le fait d'être dans la course ne garantit pas notre succès, mais le fait de rester à l'écart garantit l'échec", a mis en avant Anthony Albanese. Selon lui, les changements climatiques et économiques en cours sont "tout aussi importants que la révolution industrielle ou la révolution de l'information - et plus rapides et plus vastes que les deux".
L'hydrogène vert contre le charbon
Le Premier ministre a prononcé son discours dans l'Etat du Queensland, dans le nord-est du pays, champ de bataille électoral clé et le coeur des industries gazières et charbonnières du pays.
Premier exportateur mondial de minéraux tels que le minerai de fer et le charbon, l'Australie, riche en ressources, ne se contentera pas de jouer sur ses "atouts traditionnels", a souligné Anthony Albanese, mais offrira également de nouveaux produits et services à de nouveaux marchés. Cette loi a pour objectif de stimuler les investissements dans les ressources énergétiques renouvelables du pays, y compris la production de batteries, comme l'hydrogène vert, les métaux verts, de créer plus d'emplois et de garantir une économie compétitive, a-t-il expliqué.
"Superpuissance" de l'énergie propre
Tim Buckley, directeur du groupe de réflexion indépendant Climate Energy Finance, estime que ce plan jette les bases pour faire de l'Australie un leader en matière de commerce et d'investissement dans le domaine du zéro émission et une "superpuissance" mondiale en matière d'énergie propre.
Alors qu'environ 27% de la production économique australienne provient des exportations vers des partenaires internationaux, cette nouvelle loi pourrait avoir des effets d'entraînement et les aiderait à se décarboner également, a relevé Tim Buckley auprès de l'AFP. "Le Future Made In Australia Act place l'Australie dans la course mondiale. Il s'agit du signal d'investissement et de la réduction des risques dont les capitaux privés ont besoin", a-t-il jugé. Mais il a ajouté qu'il fallait davantage de détails pour s'assurer que les autorités locales, étatiques et fédérales travaillent ensemble à la mise en oeuvre harmonieuse de cette loi.