L’Australie prévoit de recourir au gaz au-delà de 2050

L'extraction du gaz de schiste dans le bassin de Beetaloo pourrait générer près de 90 millions de tonnes de CO2 par an.
Le pays, qui est l’une des plus importantes puissances minières du monde, a annoncé son intention de recourir au gaz naturel au-delà de 2050. Elle affirme que sa dépendance à cette énergie fossile ne l'empêchera pas d'atteindre zéro émission nette dans les trente prochaines années.

Madeleine King, la ministre australienne en charge des ressources, a déclaré le 9 mai que le gaz "restera[it] une importante source d'énergie" en Australie.

"Le gaz est nécessaire d'ici à 2050 et au-delà", a indiqué la ministre. Il soutiendra l'économie et sera un vecteur de stabilité pour le réseau de distribution électrique du pays à mesure qu'augmentera le recours aux énergies renouvelables, a-t-elle précisé.


"Un mauvais pari"

Le Premier ministre Anthony Albanese a défendu cette stratégie et déclaré qu'elle ne mettrait pas en péril les engagements de l'Australie en faveur du climat. "Elle est cohérente avec la position que nous adoptons depuis longtemps. Mon gouvernement est engagé en faveur d'un avenir sans émissions nettes", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. La production d'électricité à partir du gaz est quelque chose qui favorise les [énergies] renouvelables."

Des groupes de défense de l'environnement ont discrédité ce projet. Pour Jennifer Rayner, de l'organisation australienne Climate Council, Canberra doit faire un choix entre le gaz et les énergies renouvelables. "Il ne peut pas [choisir] les deux, a-t-elle déclaré. Davantage de gaz, c'est un mauvais pari qui va à l'encontre d'un avenir climatique sûr et d'une économie propre prospère."


Une "catastrophe" pour le climat

Gavan McFadzean, porte-parole de l'Australian Conservation Foundation, estime que le projet du gouvernement est une "catastrophe" pour le climat et qu'il doit être abandonné.

"Le gaz est une énergie fossile extrêmement polluante dont la combustion suralimente les feux de brousse, le blanchissement des coraux et les inondations en Australie et à travers le monde, a-t-il réagi. Remplacer une énergie fossile par une autre ne constitue pas une transition vers les énergies propres."

L'Australie continuera à livrer du gaz à l'étranger, selon ce plan qui préconise également l'exploration et l'exploitation de nouveaux gisements gaziers.


Le gaz : une manne financière pour l’Australie

Les exportations de gaz naturel liquéfié ont rapporté quelque 56 milliards d'euros (6 680 milliards de francs) à l'Australie en 2023, selon des données du gouvernement. Le gaz compte également pour près d'un tiers de la consommation d'énergie du pays océanien, contre environ 8,9 % pour les énergies renouvelables.

Canberra s'est engagé à atteindre zéro émission nette d'ici 2050, et a présenté en avril un plan d'investissement dans les énergies vertes.