L'incertitude quant au financement de l'enseignement confessionnel entraîne une nouvelle action de la DDEC

Déjeuner sur le pouce pris par des élèves de la DDEC à Nouméa durant la semaine de cantine suspendue, début mai 2023.
Pas de classe ni de cours ce vendredi 12 mai pour les quelque 12 000 élèves des établissements catholiques, tandis que la DDEC organise une "marche pacifique" à Nouméa. Sans soutien des collectivités, dit la direction diocésaine, le risque est la cessation de paiement. Une situation très fragile qui ravive cette question laissée, depuis longtemps, sans réponse : comment financer de manière pérenne l’enseignement privé confessionnel ?

La Direction diocésaine de l'enseignement catholique attend 1,298 milliard de francs pour, dit-elle, boucler la fin de l’année. L'Alliance scolaire de l'Eglise évangélique et la Fédération de l'enseignement libre protestant ne sont guère en meilleure santé. Les deux associations se trouvent actuellement en redressement judiciaire. 

Ce qui pose problème, ce n’est pas le salaire des enseignants, entièrement pris en charge par l’Etat. Ni même les frais de fonctionnement des collèges et lycées, comme l’eau, le téléphone ou encore le salaire du personnel non enseignants. On appelle ça le forfait externat, qui est financé, une fois encore, par l’Etat via une dotation à la Nouvelle-Calédonie.  

Forfait internat

Non, là où le bât blesse, c’est sur la partie restauration et hébergement, alias le forfait internat. Des dépenses qui, normalement, devraient être intégralement prises en charge, par les familles. Mais depuis de nombreuses années, elles sont supportées en grande partie par les provinces.  

Pourquoi ? L’explication est avant tout historique. Pour comprendre, il faut remonter dans le temps. A l’époque où les missionnaires ont ouvert des écoles en Brousse et dans les Iles, pour les enfants kanak, là où l’école publique était inexistante. C’est ce qui explique qu’encore aujourd’hui, un quart des élèves calédoniens est scolarisé dans le privé.  

Qui doit payer ?

Juridiquement, pourtant, le financement de ces établissements reste bancal. Dans les textes, rien n’oblige les provinces à mettre la main à la poche pour ce forfait internat. Mais contrairement à ce que l’on peut entendre, le financement de ces dépenses n’est pas non plus du ressort de la Nouvelle-Calédonie.  

Alors, qui doit payer ? Là est toute la question. Cela paraît difficilement envisageable de faire supporter la totalité de ces frais aux familles, dont les revenus sont bien souvent modestes. La DDEC, elle, réclame depuis des années une loi pour fixer les participations de chaque collectivité. C’était l’objet de son fameux "livre blanc" en 2005. C’est aussi ce qui doit être discuté en juin, au cours d’un séminaire consacré à ce sujet. Mais en attendant, le temps presse et le budget du privé, lui, fond comme peau de chagrin.

Actions

L'enseignement catholique a envoyé un message fort, la semaine dernière, en suspendant ses services d'internat et de restauration pour les élèves du Sud et des îles. Et en faisant la tournée des collectivités.

Résumé dans ce sujet signé Alix Madec : 

©nouvellecaledonie

Nouvelle action hautement symbolique, cette "marche pacifique" au départ de la Moselle. NC la 1ère la couvrira sur son site internet à travers un direct numérique. Et dès ce jeudi soir, après le journal télévisé de 19h30, l’émission A la Une sera consacrée à l’enseignement en Nouvelle-Calédonie. Steeven Gnipate et ses invités se concentreront sur le projet éducatif calédonien, le financement et la situation particulière de cet enseignement catholique.