L'Union calédonienne s'en tient à ses fondamentaux. Ceux qui espéraient une ouverture vers des trilatérales seront déçus : pas question de parler à d'autres partenaires que l'Etat en septembre prochain, à Paris. Pour l'UC, le préalable aux réunions trilatérales demeure l'accession à la souveraineté.
"Tant que les fondamentaux de la décolonisation n'ont pas été clarifiés avec l'Etat, à savoir le contentieux colonial, celui du 12 décembre 2021 [date du troisième référendum d'autodétermination] ou sur les promesses qui ont été faites, on ne peut pas aller discuter à plusieurs, explique Gilbert Tyuienon, premier vice-président de l'UC. On ne reconnaît pas les résultats de la troisième consultation, donc à partir de là, on ne s'inscrit que dans le processus que nous avons signé en 1998, à savoir celui de l'accord de Nouméa. Or, la fin de cet accord indique bien que la France reconnaît la vocation de la Nouvelle-Calédonie à sa pleine émancipation. Et cette question n'est pas réglée."
"Aggraver la fracture"
La parole de l'Etat portée par le président de la République, Emmanuel Macron, lors de sa visite, a déçu l'UC. Une visite d'ailleurs qualifiée de "non-évènement" dans un communiqué de presse. Son discours place des Cocotiers n'a pas convaincu le parti indépendantiste, pour qui les objectifs présidentiels n'ont pas été atteints. "Il s'est attelé durant son séjour à cliver les positions et aggraver la fracture qu'il a provoquée avec son attitude impérialiste et condescendante vis-à-vis de la question de l'indépendance depuis le 12 décembre 2021", écrit l'UC dans son communiqué. "Son 'one man show' a été perçu comme une tentative de chercher une popularité qu'il ne parvient plus à obtenir dans son propre pays."
La question du corps électoral
"Il n'a pas du tout rassemblé, étant donné que nous n'y avons pas été. Il n'a pas dit un mot sur les 57 % de la population calédonienne qui ne sont pas allés voter le 12 décembre 2021, précise Gilbert Tyuienon. On est d'accord avec lui sur le fait que le corps électoral n'est pas qu'une question d'élection. C'est la voie que nous avons défendue depuis 1998. Le corps électoral, c'est la mise en place d'une citoyenneté qui, à terme, définit une nationalité et qui est le peuple calédonien, qui fait nation dans ce pays."
Dans son communiqué, l'UC précise que "malgré la violence de certains propos, l'Union calédonienne a décidé de se maintenir sur la voie du dialogue, car cette voie du dialogue est celle que nous avons ouverte au prix de beaucoup de sacrifices sur le chemin de notre émancipation".
Le parti indépendantiste annonce également sa participation aux élections sénatoriales de septembre, reste à trouver un candidat commun au sein du FLNKS.
Roch Wamytan, membre de l'UC et président du Congrès, sera l'invité politique de notre journal télévisé ce dimanche.
Le reportage de Laurence Pourtau et Laura Schintu :