La filière du livre est en souffrance en Nouvelle-Calédonie

Les rencontres mensuelles pour présenter la littérature calédonienne aux bibliothécaires de chaque commune sont notamment menacées.
Avec un budget qui baisse d'année en année, la Maison du livre s'inquiète de son avenir et de ses missions, concernant notamment la promotion de la littérature calédonienne. Créée en 2009, elle répond à la volonté des pouvoirs publics de structurer et de coordonner la filière dans le pays.

Faire connaître la littérature calédonienne aux bibliothécaires est l'une des missions de la Maison du livre. Des réunions se déroulent, une fois par mois, dans chaque commune de Nouvelle-Calédonie. Ces discussions sont des moments de partage et de retour d'expérience de ceux qui font vivre les livres auprès des lecteurs. Mais ces rencontres pourraient diminuer, du fait des difficultés budgétaires rencontrées par l'association.

"Tout ce travail de promotion que nous menons à travers le Salon du livre océanien [Silo], mais également à travers ces actions et la Maison du livre sur la route, le travail d'accompagnement des auteurs, les résidences, tout ce travail risque de disparaître. C'est quand même 13 ans d'engagement, créé par Déwé Gorodey, avec une vraie ambition de défendre la littérature calédonienne", explique Alice Pierre, directrice de la Maison du livre. "Nous ne voulons pas que cela disparaisse."

Une contribution de la Nouvelle-Calédonie réduite de moitié

Depuis 2 ans, le budget de fonctionnement est en baisse. La Nouvelle-Calédonie, le principal financeur, a réduit de moitié sa contribution. La question de la pérennité des actions de l'association se pose, notamment pour assurer la visibilité des auteurs et la promotion de la littérature calédonienne. Elle permet des rencontres entre lecteurs et auteurs. Ces derniers sont très critiques sur ce coup de canif.

"Ce sont des actions dont ont besoin les Calédoniens, bien sûr. Nous parlons d'éveil des consciences à travers le livre, d'une transmission d'un savoir. C'est primordial et c'est très inquiétant pour notre jeunesse. Qu'est-ce qu'on lui donne à manger, à part la télévision et internet ?", intervient Olivia-Manissa Panatte, artiste pédagogue.

Une incertitude à dissiper au plus vite

"J'inviterais même tous les politiques à relire Hannah Arendt, par exemple", complète Thierry Charton, auteur et professeur de philosophie. "Elle a énormément réfléchi sur les conditions de sociétés qui, tout d'un coup, considèrent pour des raisons de budget ou idéologiques que la culture ce n'est pas important et que le livre est secondaire. Ce sont des sociétés qui, en règle générale, se cassent la figurent", avertit-il.

La Maison du livre a reçu l'assurance qu'elle pourrait fonctionner jusqu'à la fin de l'année, mais au-delà, c'est l'inconnu. Une incertitude qu'elle souhaite dissiper au plus vite avec ses financeurs : la Nouvelle-Calédonie, la province Sud et l'Etat.

Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Thérèse Waïa et Carawiane Carawiane :

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Pour débattre de ce sujet, Elsa Artaso, vice-président de la Maison du livre, était l'invitée du journal télévisé, vendredi soir, avec Nadine Goapana :

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