Ils ont étudié à la loupe, le comportement des cerfs rusa sur la Grande Terre. Des chercheurs du CNRS ont mené une étude entre 2018 et 2019 sur le Caillou. Une mission dont l'objectif était d'observer et de comprendre cette population invasive, pour une meilleure gestion de l’espèce.
“Jusqu’à présent, on pensait qu’on était face à des animaux qui avaient des territoires relativement petits. Donc qui se déplaçaient peu à l’échelle de la Grande Terre. On s’appuyait sur cette connaissance pour les gérer à une échelle locale, avec des zones prioritaires”, détaille Emilie Berlioz, chercheure au CNRS.
Or l’étude révèle que les animaux de déplacent sur de beaucoup plus grandes distances. “Les zones sont donc inter-connectées. Et cela a un impact sur notre regard de la mobilité et donc, de la gestion”, poursuit la chercheure.
Protéger les espèces endémiques et cours d'eau
Une espèce invasive dont la population présente en nombre, a des conséquences pour l’environnement. “À l’origine, ce sont douze animaux qui ont été relâchés dans le milieu naturel. Petit à petit, ils se sont énormément reproduits et ont colonisé toute l’île”, explique Emilie Berlioz.
“Aujourd’hui la population est difficile à estimer mais on dit plusieurs centaines de milliers d’individus. Avec un impact sur les milieux dramatiques. Tous les sous-bois sont ravagés par ces animaux. Ce qui a un impact sur les espèces endémiques, animales et végétales de Nouvelle-Calédonie. Un impact aussi sur les cours d’eau”, poursuit la scientifique.
Adapter la gestion
L’étude des habitudes des cerfs rusa révèle que les spécimens circulent sur toute la Grande Terre. Il faut donc adapter la gestion. “Il y a beaucoup d’échanges entre les zones. Ce qui fait que si on se focalise sur une seule zone, et qu’on met en place des stratégies de gestion même intense, les animaux qui se trouvent dans les zones autour vont venir réalimenter la zone sur laquelle on agit”, détaille la spécialiste.
Une action à l’échelle de zones définies n'est donc pas efficiente. “Il faut avoir une vision plus globale de la gestion, à l’échelle de l’île”, poursuit Emilie Berlioz. “On soulève un problème de gestion et de compréhension de l’espèce. Maintenant, on réfléchit entre chercheurs, à pousser plus loin notre exploration de l’espèce pour mieux la comprendre. Il est difficile de gérer correctement une espèce qu’on connaît mal ou pas suffisamment”.
Selon la chercheure, il faut également déployer les moyens financiers, pour agir sur l’ensemble du territoire. “Toutes les zones doivent être traitées de la même manière, en même temps. C’est comme ça qu’on arrivera à faire baisser la pression sur les différents milieux Calédoniens”, conclut Emilie Berlioz.