C’est une opération méticuleuse, hautement sécurisée, sur plus de 170 hectares. Le chantier de dépollution et de déminage de la grande rade de Nouméa va débuter la semaine prochaine. Il doit permettre d’identifier un peu plus de 1100 cibles. Il s'agit d'obus, de munitions et d'autres déchets jetés à l’eau dans cette grande rade de Nouméa qui a servi, à partir de 1942, de base américaine avancée.
« C’est un travail fastidieux qui demande des compétences très particulières à la fois pour l’identification et pour le traitement. Tout va être supervisé par un responsable qu’on appelle le CSP : le chargé de la sécurité pyrotechnique », explique Brice Kiener, directeur adjoint du Port autonome.
Limiter les contraintes
Ce chantier sous-marin prévoit l’intervention de plusieurs plongeurs. Il va durer six mois. Le Port autonome assure qu’il limitera au maximum les contraintes pour le trafic maritime.
La deuxième phase de l’opération consiste aux déplacements des cibles envoyés à plus de 2000 mètres au large de la passe de Dumbéa. Une opération coordonnée, qui a nécessité plusieurs réunions, avec la Sécurité civile notamment. Sauf exception, l’explosion sur place n’est pas écartée.
120 millions de francs
« Si on ne peut pas la déplacer pour des raisons de sécurité, on va être amené à faire un 'pétardement'. On choisira nous le créneau le plus propice pour mettre en place tout le dispositif de sécurité qui peut être contraignant et on travaillera en lien avec la Sécurité civile pour limiter les impacts à la fois sur l’aspect terrestre mais aussi avec la SLN et le terminal », poursuit-il.
Coût de l’opération : 120 millions de francs CFP. Pour la phase de détection des cibles, le Port autonome a déboursé un peu plus de 90 millions. L’opération de dragage de la baie devra attendre par manque de budget, mais les travaux d’agrandissement du poste 8, quai de commerce, reprendront dès l’an prochain.
D'autres opérations de déminage ont déjà eu lieu dans le lagon. En novembre 2021, le Groupe d’intervention Nedex des Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) ont réalisé une mission de ce genre. Un obus de 155 mm et un autre de 105 mm ont été neutralisés "tout en limitant les conséquences sur l’environnement", indique l'armée.
Des immersions qui seraient condamnées
L'historienne Fanny Pascual revient sur l'immersion d'obus et de munitions durant la seconde Guerre mondiale. Pas moins d'un millier d’obus et de munitions diverses ont été déversés par l’armée américaine entre 1944 et 1946. Si les immersions étaient jugées judicieuses à l'époque, aujourd’hui, elles seraient condamnées pour des raisons écologiques.
L'interview de Fanny Pascual, historienne spécialiste de la seconde Guerre Mondiale au micro de William Kromwel