La Niña fait grimper le prix des fruits et légumes

Vito est vendeur au marché de Nouméa. Il produit également des bananes au Mont-Dore.
C’est une habitude chaque été : les fruits et légumes se font plus rares et plus chers sur les étals des commerçants, au marché comme en grandes surface. Mais cette année, la Niña et les fortes pluies accentuent l’envolée des prix.

Dans le rayon fruits et légumes de ce supermarché nouméen, le panneau est aussi rare qu’inattendu : quatre salades par personne, pas plus. A la pénurie, s’ajoute une hausse des prix sur de nombreux produits. De quoi désespérer cette cliente du marché de Nouméa. "Avant, la botte de persil chinois, c’était 150 francs. Maintenant, c’est le double", observe cette cliente retraitée, qui a changé ses habitudes de consommation. "On n’a pas les mêmes moyens. Je n’achète que ce qu’il me faut pour la semaine, je n’achète plus comme avant".  

Pénurie et hausse des prix vont de pair sur les étals de fruits et légumes.

Un effet en cascade

A quelques mètres de là, Vito, vendeur au marché municipal de Nouméa et producteur de bananes au Mont-Dore, dresse le même constat.  "Les producteurs ont dû faire face à ce (phénomène) climatique et nous aussi, en tant que revendeurs, on augmente, on prend notre marge". Cette inflation se ressent notamment sur le prix des bananes poingos, son produit phare : "l’année dernière, on était entre 800 et 900 francs le kilo et cette année, on est à plus de 1 000 francs." 

Parmi les produits pour lesquels la flambée des prix est la plus visible en mars 2022 : les tomates, qui ont dépassé la barre des 1000 francs le kilo.

Des importations en dessous des quotas

Les fortes pluies et des récoltes quasi inexistantes ont créé un déséquilibre de la production et, par ricochet, ont provoqué une augmentation des prix du marché. Mais une autre cause explique cette hausse : des importations freinées par la situation de la région. "Grosso modo, (ce sont) entre 1 000 et 1 500 tonnes d’ouverture d’importation qui ont été faites par mois, depuis le début de l’année. Et il n’y a même pas 500 tonnes qui ont été importées", relève Jean-Christophe Niautou, maraicher à Farino et membre de la chambre d’agriculture.

Des voisins australiens et kiwis touchés eux aussi

Les marchés les plus proches, que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande, connaissent également de fortes tensions. Comme la Calédonie, ils sont touchés par la problématique La Niña et par le manque de main d’oeuvre lié au Covid. Résultat :  leurs productions sont bien inférieures à ce qui se fait d’habitude. 

Une reprise est attendue pour le mois de mai, une fois la Niña passée. Mais une autre menace plane : celle de la guerre en Ukraine et des sanctions envers la Russie. Le  prix du blé et des fertilisants pourraient aussi augmenter.