La Nouvelle-Calédonie veut déclarer l’urgence climatique, et se doter d’un fonds dédié

A Touho, face à l'érosion du littoral, les habitants de cette maison située dans la tribu de Tiouande ont dû s'installer sur les hauteurs.
Déclarer l'état d'urgence climatique et environnemental en Nouvelle-Calédonie, c'est le sens d'un projet de délibération arrêté par le gouvernement Mapou, ce mercredi 11 septembre. Le texte définit une stratégie locale, sur ces enjeux majeurs. La création d'un "fonds de résilience" est également proposée. L'ensemble doit être soumis au Congrès.

La balle est dans le camp du Congrès. C'est lui qui devra trancher, mais le gouvernement local a l'intention de déclarer l'urgence climatique et environnementale en Nouvelle-Calédonie. Un projet de délibération a été arrêté en ce sens, mercredi 11 septembre. Un texte qui définit au passage une "stratégie calédonienne du changement climatique". Un autre projet de délibération va avec le premier : il s'agit de créer un "fonds de résilience calédonien du changement climatique". Géré par un comité, il permettrait de financer les actions qui entrent dans ce cadre, "en recueillant des financements extérieurs de grandes fondations nationales, régionales et internationales intéressées par la Nouvelle-Calédonie".

"Anticiper et s’adapter"

Les deux textes seront soumis aux élus du boulevard Vauban. Selon le gouvernement, ils "ont pour vocation d’engager la Nouvelle-Calédonie dans une démarche proactive, pour anticiper et s’adapter aux effets présents et futurs du changement climatique". En avril, il impulsait le premier forum calédonien sur le sujet, qui serait appelé à se réunir chaque année. Cette idée de déclarer l'urgence climatique était alors mentionnée par le membre du gouvernement en charge de la transition écologique, Jérémie Katidjo-Monnier. 

Des îles en première ligne

Dans la présentation des délibérations proposées au Congrès, il est rappelé que les îles du Pacifique sont en première ligne face au réchauffement mondial. "Augmentation des températures, élévation du niveau de la mer, accentuation de la fréquence et de l’intensité des évènements climatiques extrêmes…" C'est ce qu'évoque le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC.  

Déjà une réalité 

Comme l'exécutif le souligne, les conséquences sont déjà visibles. L’érosion du trait de côte s'avère, par exemple, une réalité d'un bout à l'autre du Caillou, de Poum à l'île des Pins en passant par Ouvéa, Touho, Ponérihouen ou le phare Amédée. Le phénomène transforme le littoral. En cause : cette hausse du niveau de la mer, "qui aura également pour effet d’accroître l’ampleur et la fréquence des submersions lors des évènements extrêmes", déroule le gouvernement. "Les impacts sur le littoral à court, moyen et long terme sont d’ordre économiques, écologiques mais aussi socioculturels" : perte de terrains, dégâts sur des infrastructures, salinisation des terres...

Et de poursuivre : "les secteurs de l’agriculture, la pêche et l’élevage doivent faire face à des défis croissants comme les fortes pluies ou au contraire, l’assèchement des terres. Par ailleurs, la hausse des températures océaniques pourrait causer la migration d’espèces halieutiques et une mortalité massive des coraux, essentiels à la biodiversité marine."

À chacun sa réponse

La stratégie calédonienne dont il est question s'inscrit dans ce contexte. Dans la région, l'urgence climatique a été déclarée au Vanuatu ainsi qu'en Nouvelle-Zélande. La Polynésie française a élaboré un plan climat 2030, qui doit être soumis au vote dans les prochains mois, tandis que Fidji a intégré 160 mesures dans son "plan national d’adaptation".