Les regards du pays sont tournés vers Fili. Comment les Calédoniens se sont-ils préparés à recevoir la dépression, surtout les pluies diluviennes annoncées ? Témoignages.
A Belep
Premiers à subir les effets de Fili, les habitants de Belep - moins de 900 sur place au dernier recensement - sont habitués aux dépressions et aux cyclones. La municipalité s'est organisée ce mardi après-midi, notamment pour accueillir des familles installées sur le littoral.
Les explications de Darine Gueleme, adjointe au maire jointe par Alexandre Rosada :
A Poindimié
A la tribu d'Ometteux
Le président du conseil des chefs des clans de la tribu d’Ometteux a ouvert la maison commune et fait des vérifications. "Il y a des matelas et des oreillers que nous avons acheté, depuis 2011, et que nous stockons ici", explique Luther Oumattu.
Dans un coin d’une pièce, 20 matelas sont installés. Tout est prêt pour accueillir les personnes qui ne se sentent pas en sécurité chez elles, assure le président du conseil des chefs de clans. "Il y a une cuisine. Ils amènent leurs soupes et leur nourriture, qu'ils peuvent préparer là. Le réfrigérateur est de l'autre côté. Il y a une gazinière et des marmites qui sont là-bas", désigne-t-il. "Pour ceux qui veulent faire la cuisine au feu, il y a du bois aussi". A chaque dépression ou cyclone, des familles de la tribu viennent ainsi se réfugier à la maison commune.
On a trois familles qui ont beaucoup d'enfants, donc je les emmène ici. La maison commune est aussi à disposition des gens d'ailleurs. Comme on se connaît tous, il y en a qui viennent ici"
Luther Oumattu, président du conseil des clans de la tribu d'Ometteux
Au village
Tandis que les habitants de la côte Est n’ont pas encore tous pu consolider leurs habitations, certains se sont empressés de faire les achats de produits de premières nécessités. "On prend du pain, avec du riz et des bougies. Nous sommes dans la vallée, alors la route et le pont vont être inondés pour sortir", témoigne une femme.
"Je viens de Hienghène. Je viens acheter de l'anti-moustique, des bougies, des piles. Depuis hier, il n'y a pas d'eau parce qu'il pleut déjà au fond [de la vallée, NDLR]", poursuit un homme. "On fait le nécessaire pour la dépression. On va descendre les taules qui ne sont pas attachées, aussi."
A Païta
Dans le quartier d'Ondémia, c’est avec la même méthode et la même appréhension, que les habitants se préparent au passage du nouveau phénomène météorologique. Dépression Lucas, cyclone Dovi, intempéries à répétition, depuis plus d’un an, les gestes sont presque devenus mécaniques.
"Nous avons tout rehaussé dans la maison, pour éviter de perdre ce qu'on a encore. Nous avons déjà perdu énormément d'électroménager. Nous mettons aussi nos animaux en sécurité parce que nous avons des poules", explique Marie-Claire, habitante du quartier. "Dans la maison, on se retrouve avec cinq centimètres de boue, l'eau rentre d'un côté et ressort de l'autre".
Même chose pour Joseph Nicolas, propriétaire dans le quartier, depuis 6 ans. Avec sa femme et ses deux enfants en bas âge, il a vécu près de dix inondations. "Mon fils n'a que 4 ans, mon dernier aura 2 ans, en août, ce n'est pas une vie d'être obligé de surveiller, à chaque pluie qu'il n'y a pas une inondation qui se prépare. Nous surélevons nos affaires, nous sanglons tout et rehaussons ce qui peut l'être", commente-t-il.
Plus loin, Natacha a dû investir dans quatre pompes électriques et une motopompe, pour pallier aux fréquentes coupures d’électricités liées aux intempéries. "Du côté de la mairie, nous avons quand même une entente, une écoute. On nous envoie des messages, à chaque fois, pour nous prévenir. En cas de besoin, l'Arène du Sud est prête pour nous accueillir, donc il y a quand même un travail qui se fait", apprécie-t-elle.
Là, on s'inquiète avec tout ce qu'il se passe au niveau politique, avec les restrictions budgétaires et dans les mairies dont les subventions baissent. Il ne faut pas nous oublier.
Natacha, habitante de Païta
Dans le quartier d'Ondémia, à Païta, les résidents ont anticipé de nouvelles inondations. Certains ont d'ailleurs investi dans des motopompes.
Le reportage de Thérèse Waïa et Gaël Detcheverry :