La saga du nickel se poursuit sur fond de tensions sociales et de pandémie

Ferronickel de type SLN 25 produit en Grèce et en Ukraine
Il vaut 19 000 dollars la tonne, presque son plus haut cours depuis le début de l’année. Les investisseurs de la Bourse des métaux de Londres (LME) ne s’y sont pas trompés. Le nickel est le grand vainqueur de la semaine.

La situation en Indonésie et au Canada a entrainé une hausse brutale du cours mondial du nickel qui a progressé de plus de 3% jeudi pour atteindre un sommet de 19 250 dollars.

La forte demande du secteur de l’acier inoxydable et les craintes pour l’approvisionnement du marché des batteries électriques favorisent également la montée des cours. Dans ce contexte, les métaux industriels apparaissent comme un investissement idéal pour se prémunir contre l’inflation ou pour en tirer profit.

Risques de pénurie 

L’Indonésie est submergé par le variant Delta. Le quatrième pays le plus peuplé de la planète, et premier producteur mondial de nickel, recense plus de 50.000 nouveaux cas positifs par jour. Le gouvernement tente de mettre en place des restrictions partielles, mais n'a pas les moyens de geler l’activité  économique. "Les mines de nickel et les usines sont assez éloignées des grands centres urbains mais il n’empêche qu’un sentiment d’inquiétude gagne le marché mondial des métaux concernant la capacité de l’Indonésie à maintenir sa production et ses exportations, alors que le demande en nickel est en forte hausse pour le secteur de l’acier", a indiqué Alastair Munro, analyste pour Insights Marex Spectron.

Au Canada, la longue grève du nickel se poursuit. La multinationale brésilienne Vale et les grévistes de son usine de Sudbury en Ontario sont convenus de reprendre les pourparlers lundi prochain. Les opérations de production de nickel à Sudbury ont été interrompues le 1er juin.

2500 mineurs et métallurgistes se sont mis en grève. Deux analystes londoniens ont indiqué que Vale n’avait produit que 12 000 tonnes de nickel et 19 000 tonnes de cuivre au dernier trimestre à partir de Sudbury, la moitié de ce qui était prévu. La capitale canadienne du nickel tourne au ralenti. 

Les analystes londoniens n’avaient pas encore réagi vendredi au fort ralentissement de la production de l’usine de ferronickel du Nord en Nouvelle-Calédonie. Selon des données de la banque australienne Macquarie, consultées par Outre-mer 1ère, la production de Koniambo Nickel aurait baissé de 43 % sur les six premiers mois de l’année 2021 comparativement à 2020. "C'est une nouvelle année difficile pour la Nouvelle-Calédonie" a commenté Jim Lennon, expert de l'industrie minière dans le Pacifique Sud.

Le Metal Bulletin de Londres (Fastmarkets) a rapporté que les prix du minerai de nickel devraient rester élevés cette année au milieu d'une demande haussière et d'une offre restreinte. Ainsi, les tarifs maritimes d'expédition du minerai philippin vers la Chine ont fortement augmenté. "Le déchargement des cargaisons est lent dans les ports chinois et les périodes d'expédition sont rallongées".

La semaine écoulée, le marché physique du nickel a été très soutenu en Chine, et la demande européenne a été ferme. Les stocks mondiaux dans les entrepôts du LME se situent près d’un creux jamais atteint depuis mars 2020.  En Asie, les stocks du SHFE sont également proches de leurs plus bas historiques.

L'ensemble du complexe de base du LME a augmenté après la publication des données sur l'inflation américaine. "Achetez tous les métaux ! " a ironisé l’analyste Christophe Grunsfeld dans une note destinée aux investisseurs.

LME-Nickel 16/07/2021 19 085 dollars par tonne +1,87%. Hausse annuelle +45%.