La SLN et les pouvoirs publics s'associent pour développer une filière de valorisation des scories

La SLN produit en moyenne 55 000 tonnes de ferro-nickel, mais aussi plus d'un million de tonnes de scories, constituées essentiellement de silice et de magnésium.
Comment valoriser davantage la scorie produite par la SLN ? C'est l'ambition de l'industriel qui conviait ce matin des acteurs du BTP à une conférence sur le sujet à l'auditorium de la province Sud. Objectif, les inciter à utiliser ce matériau qui s'inscrit dans l'économie circulaire.

Substituer le sable naturel par de la scorie pour la création de routes, c'est ce que souhaite promouvoir la SLN. L'usine de Doniambo produit chaque année plus d'un million de tonnes de ces résidus d'exploitation minière, des résidus très peu utilisés qui s'amoncèlent dans la capitale. A l'heure où l'on parle d'économie circulaire et d'écoconstruction, les pouvoirs public et l'industriel s'associent pour changer la donne. "On s'est rendu compte qu'on est assis sur un déchet qui n'en est pas un" explique Philippe Blaise, premier vice-président de la province Sud, " il est devenu une ressource, un matériau qui a de la valeur. Il y a un savoir-faire historique dans l'utilisation de la scorie et ce savoir-faire n'a pas été suffisamment partagé. Il n'a pas été transmis aux jeunes générations d'ingénieurs qui font les cahiers des charges des appels d'offres. Et la conclusion c'est qu'on a un matériau à disposition, on a le savoir-faire et il est prouvé qu'il est utile et efficace.

"Utiliser plus de scories pour des bétons nobles" 

En Nouvelle-Calédonie, la scorie est un matériau essentiel pour le BTP, principalement utilisée dans la fabrication d'agglos et pour des travaux de remblais. La SLN en vend près de 5000 tonnes par an sur le marché local, mais l'industriel veut aller plus loin. "On veut en faire plus. On veut utiliser plus de scorie pour ce qu'on appelle des bétons nobles" explique Yves Veran, directeur général de doniambo scories, "on veut utiliser plus de scories pour faire des routes. C'est ce qu'on vient de faire aujourd'hui sur la mairie de Voh en répondant à sa demande. Elle voulait construire une route transversale afin de désenclaver une tribu. Donc on a, à la fois l'aspect technique qui est intéressant et l'aspect sociétal ... et c'est mon rôle, qu'on arrive à cette reconnaissance complète du produit scorie en Nouvelle-Calédonie que ce soit au Sud, au Nord ou aux Iles."

Des atouts techniques et économiques, mais des inconvénients 

Moins chère qu'une scorie importée, le matériau de la SLN pourrait être facilement privilégié. Pourtant, selon certains professionnels du BTP, celui-ci comporte quelques inconvénients. "Le pouvoir hydraulique de la scorie issue du minerai de nickel est quatre fois inférieur au pouvoir hydraulique d'une scorie issue du minerai de fer. Et c'est ce qui nous pose problème. Donc là où dans certains ciments on peut substituer sa matière première principale , le clinker, par 80% de laitiers issu du minerai de fer on ne pourrait avec la scorie de nickel en mettre que 20%." regrette Loïc Le Pen, responsable logistique et commerciale de la cimenterie Tokuyama. 


En attendant la rédaction d'un référentiel de la construction calédonienne, la SLN entend aussi et surtout miser sur l'exportation, notamment vers les pays du Pacifique sud, comme le Vanuatu ou les îles Tonga.