Des monceaux de scories sur une route de montagne de Voh. L'image est inhabituelle et pourtant, l'initiative est on ne peut plus concrète. Les résidus des opérations de traitement de Doniambo vont servir de couche de forme, afin d'accueillir le futur revêtement de ce tronçon. Cette scorie sableuse remplacera ainsi le schiste habituellement utilisé.
"L'application se fera en 2×15 cm de manière à ce qu'on puisse réaliser la mise en œuvre par couche, l'arroser, la compacter en deux fois pour obtenir la résistance maximale", explique Madjid Kerdjana, chef de projet infrastructure pour la commune de Voh.
Ce procédé utilisé depuis une vingtaine d'années dans le Grand Nouméa est en phase de test à Voh, sur une route transversale en construction depuis sept ans. Au départ de la tribu de Temala, elle doit rejoindre dans un premier temps la tribu de Ouengo, qui compte une cinquantaine de foyers.
L'absence d'argilosité
En 2021, Voh a fait construire 13 kilomètres de routes bitumées. Mais dans le même temps, le phénomène La Niña est venu contrecarrer les plans des équipes, les fortes pluies déformant par endroits la chaussée. Le désagrément pourrait à l'avenir être évité grâce à l'utilisation de la scorie.
"Ce matériau n'a pas d'argilosité, qui est l'une des causes de la déformation des chaussées. Si nous essayons ce procédé avec une bonne matière première et une bonne mise en oeuvre, on peut avoir des bons retours", estime Madjid Kerdjana.
Au total, la SLN a cédé gratuitement 4000 tonnes de scories à la mairie de Voh. Elles serviront aux travaux d'entretien des routes sur l'ensemble de la commune et surtout sur le tronçon-test de 400 mètres. Si le procédé fonctionne, il permettra une réduction du coût de réalisation et de maintenance, mais aussi une amélioration des infrastructures.
De premiers résultats en septembre
"Cette route-là est importante pour nous car nous avons l'objectif de désenclaver des tribus mais aussi de réaliser une transversale de notre commune jusqu'à Hienghène", affirme le maire de Voh, Joël Boatate Kolekole.
En septembre prochain, un laboratoire d'analyses viendra tester pour la première fois la résistance de cette sous-couche. Si les résultats sont concluants, l'opération pourrait être renouvelée. Pour l'opérateur minier, cela permettrait une commercialisation de sa scorie.