Il y 80 ans jour pour jour, les 600 hommes dont 300 Calédoniens du corps expéditionnaire du Pacifique, quittaient la Nouvelle Calédonie. Ils partaient combattre pour la France libre. Retour sur une page d’histoire avec François Broche, le fils du commandant du Bataillon du Pacifique.
C’était il y a 80 ans exactement. Le Bataillon du Pacifique quittait Nouméa pour rejoindre les Forces françaises libres et combattre en Afrique du Nord, en Italie et en France.
François Broche connaît bien le début de cette aventure. Il est le fils du commandant Félix Broche, l’homme qui a eu la confiance de de Gaulle pour lever ce corps expéditionnaire.
"Il est capitaine, commandant la compagnie d’infanterie coloniale à Tahiti, et de Gaulle est un démiurge qui crée un monde à partir de rien" raconte l’historien et journaliste. "Il enregistre avec une grande satisfaction le ralliement de mon père à sa cause et il le nomme aussitôt commandant supérieur des troupes françaises dans le Pacifique".
Félix Broche adopté par les Tahitiens
A Tahiti où il a été muté en 1939, Félix Broche va vite séduire les Polynésiens et les Marquisiens. Entre eux et lui, ce sera plus qu’un simple rapport d’officier à subordonnés.
"Il l’appelle le ‘popa’a’. C’est l’Européen qui arrive, c’est l’officier comme un autre. Très vite, ils le baptisent le ‘metua’(père). Il y a un lien très filial. Les chefs coutumiers se sont retirés dans la montagne et ils ont discuté entre eux, et ils sont redescendus en disant qu’on pouvait faire confiance à ce popa’a".
Un lien très fort aussi avec les Calédoniens
A Nouméa où Félix Broche est parti avant que ses Tahitiens ne le rejoignent, le rapport est différent avec les 300 autres volontaires qu’il va convaincre.
"Il y avait un lien très particulier entre les volontaires calédoniens et mon père. Ils étaient attachés d’une autre façon que les Tahitiens, qui était plus mûrie, moins spontanée, mais il y avait la même force".
Le Bataillon du Pacifique, héros de Bir-Hakeim
En quelques semaines, le "metua" a réussi son pari. Le 5 mai 1941, grand discours, défilé, le gouverneur Sautot, un fidèle de de Gaulle, salue les troupes du Bataillon du Pacifique.
"Dans une lettre à Yves Malardé, mon père dit qu’ils vont peut-être aller se battre dans le Caucase. C’est très curieux comme destination…Le bruit courait. Ils ne savaient pas du tout qu’ils allaient au Moyen-Orient".
Ils quitteront Nouméa pour Sydney, puis ils seront formés par les Anglais avant l’arrivée en Libye. Beaucoup de ces volontaires du Pacifique deviendront compagnons de la Libération, dont Félix Broche, tué par un obus le 9 juin 1942 durant la bataille de Bir-Hakeim.
Le reportage d’Eric Cintas, Emmanuel Gire, et Gilles Mazzaniello