Le Congrès a adopté les budgets de reversement et de répartition de la Nouvelle-Calédonie, les loyalistes quittent l'hémicycle

Les élus loyalistes du Congrès quittent l'hémicycle avant le vote du budget propre de la Nouvelle-Calédonie.
Second jour de marathon politique, au Congrès, pour voter le budget primitif 2022 de la Nouvelle-Calédonie. Mardi matin, les élus ont adopté le budget de reversement, qui finance les établissements publics, et le budget de répartition, qui redistribue les recettes fiscales aux collectivités. Mais en fin de matinée, les loyalistes ont choisi de quitter l'hémicycle.

Même rapport de force que la veille au soir. Ce mardi matin, c'est par 29 voix pour et 25 voix contre que les élus du Congrès ont adopté le budget primitif de reversement de la Nouvelle-Calédonie pour 2022, qui se monte à 65,878 milliards de francs CFP. Il y a aussi eu 29 votes favorables et 25 oppositions au moment de se prononcer sur le budget primitif de répartition. Son montant : 115,4 milliards, avec pour 61,6 milliards de dotations affectées aux trois provinces et 20,1 milliards ventilés entre les 33 communes.

Reste que peu après 10h30, les élus loyalistes ont demandé une suspension de séance, après une passe d'armes entre les conseillers non indépendantistes et le gouvernement. Les premiers estimant que l'exécutif ne répondait pas à leurs questions sur la réforme fiscale.

Les loyalistes quittent la séance

Après cette interruption, les loyalistes ont annoncé qu'ils quittaient la séance. "Nous considérons que le budget a été élaboré seul par une majorité, et non pas en collégialité", a ainsi posé Virginie Ruffenach, présidente du groupe Avenir en confiance. "Et (…) puisqu'il a été élaboré seul, et que rien ce que nous disons n'est pris en compte dans cet hémicycle, il n'y a pas de sens à ce que nous continuions de siéger pour la suite de l'examen de ce budget."

Gil Brial, Nicolas Metzdorf, Guy-Olivier Cuénot et Philippe Michel ont renchéri. Puis les conseillers de l'Avenir en confiance et de Calédonie ensemble, ainsi que Nicolas Metzdorf, se sont levés et sont partis. Y compris ceux qui siègent dans le gouvernement Mapou. 

Une sortie "qu'il ne faut pas prendre à la légère"

"Nous, on n'a jamais quitté, jamais", a réagi solennellement le président du gouvernement, Louis Mapou, l'air très ému. "On nous a chassé de l'hémicycle, à l'époque, quand certains sont rentrés ici, pour le gouvernement Tjibaou. Attention, pour une raison très simple, c'est que nous, on vient de plus loin. La démocratie a été un combat permanent et historique. Et c'est pour ça qu'il ne faut pas prendre à la légère ce qui vient de se passer." 

S'en est suivie une nouvelle suspension de séance, cette fois à la demande de Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes et l'Eveil océanien. Qualifiant la sortie loyaliste d'"irresponsable", il a évoqué le besoin de se concerter avec l'UNI et l'Eveil océanien sur la suite à donner. 

Conférence de presse…

Conférence de presse conjointe de l'Avenir en confiance, Calédonie ensemble et Générations NC après la sortie de l'hémicycle du Congrès.

Pendant ce temps, les élus partis de l'hémicycle tenaient une conférence de presse pour expliquer leur départ. Les loyalistes parlent de déni de démocratie. L'esprit de collégialité et de consensus n'a plus cours dans cet hémicycle, c'est une logique majoritaire et brutale qui existe aujourd'hui, estime Philippe Michel, président du groupe CE. Nicolas Metzdorf (GNC) parle de dérive autoritaire de l'exercice du pouvoir. Virginie Ruffenach (AEC) présente cette initiative loyaliste comme "un geste sous forme d'électrochoc", tandis que Sonia Backès (AEC) a lancé que les indépendantistes avaient réussi à unir les loyalistes.

…et communiqué

Pour le reste de l'assemblée, la reprise de séance, et donc la décision quant à l'examen du budget propre, étaient attendues pour 15 heures. Dans l'intervalle, le bureau politique du FLNKS a réagi par communiqué à une situation qu'il "déplore". Le Front "rappelle que la collégialité au gouvernement est née de la volonté des indépendantistes dans les négociations de l'Accord de Nouméa". Estimant "que les manœuvres opérées par la droite locale relèvent tout simplement d'actions de mauvaise fois et de posture politique improductive relative à la perte du pouvoir au sein des deux principales institutions du pays". 

L'examen du budget se poursuit quand même

Un peu avant 15h30, reprise de séance boulevard Vauban. Entre-temps, après la sortie des loyalistes, des contacts ont eu lieu entre les deux camps. Résultat : "On a eu le temps d'échanger, de discuter avec eux", a raconté Pierre-Chanel Tutugoro. "On a pu se retrouver avec les chefs de groupe non-indépendantistes (…) les membres du gouvernement (…) Ils sont repartis, ils ne seront pas là avec nous cet après-midi pour poursuivre le travail. On [leur] a quand même annoncé que nous prenons la responsabilité de poursuivre le travail sans eux (…) On va mener les débats entre nous et clôturer le travail tel que souhaité par le 17e gouvernement pour que ce premier budget puisse être adopté aujourd'hui."

Abstention annoncée des élus Eveil océanien

Le budget primitif propre de la Nouvelle-Calédonie pour 2022 va donc être voté dans les heures qui viennent. En revanche, les élus Eveil océanien, qui ont soutenu les élus indépendantistes pour les trois précédents textes, ne le feront pas cette fois. "Parce que les événements qui sont arrivés aujourd'hui sont forts (…) on ne va pas s'opposer au budget mais on va s'abstenir", a formulé Milakulo Tukumuli, leader de l'EO.

"Après une crise économique accentuée par la crise sanitaire, nous voilà plongés maintenant dans une crise politique", venait-il de déclarer. "La non-présence des loyalistes dans cet acte fondateur du budget primitif de la Nouvelle-Calédonie, c'est un peu, de mon point de vue et ça n'est que le mien, comme la non-présence des indépendantistes au référendum : ça fait bizarre."

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