Le Congrès s'est penché (en vain) sur une nouvelle hausse des prix du tabac

Les élus du boulevard Vauban avaient à l'ordre du jour des sujets pour le moins sensibles, ce lundi après-midi. Premier texte examiné, et rejeté dans la confusion : la hausse des prix du tabac de 20%.

Avant même d’aborder l’obligation vaccinale, c’est le redressement des comptes sociaux qui a fait l’objet d'interminables échanges, ce lundi 30 août, au Congrès. Ou plutôt la meilleure manière de parvenir à combler le gouffre.

Presque trois heures de déclarations de part et d'autre n'ont pas suffi à faire adopter le premier projet de délibération. Autour de 16 heures, un cafouillage dès le début du vote a même été suivi d'une suspension de séance. Puis c'est un texte vidé de sa substance, "sans article" dixit le président Roch Wamytan, qui a été soumis aux élus. Et rejeté, par 28 voix contre face à 25 pour. 

Initié par le seizième gouvernement

Ce projet de délibération était destiné à augmenter de 20% les prix de vente du tabac au public. Une mesure déjà engagée du temps du gouvernement Santa. Une telle hausse amènerait le prix du paquet de cigarettes le plus vendu à 2 350 F, au lieu de 1 950. Même évolution pour le tarif du paquet de tabac à rouler le plus commercialisé : 2 350 F au lieu de 1 950 F. L'idée étant de miser sur une baisse de consommation de 5%. Et sur un impact financier estimé à 2,3 milliards de recettes supplémentaires au bénéfice de l'Agence sanitaire et sociale.

Les élus loyalistes contestent la méthode

Le camp loyaliste ne se dit pas opposé à une hausse du prix du tabac, il conteste la méthode. Pour Philippe Blaise, de l’Avenir en confiance, on ne peut pas augmenter la pression fiscale sans objectif de dépense. Or, selon l’AEC, ces futures recettes ne sont pas fléchées avec précision. "C’est la première fois que nous avons à traiter des textes d’ordre fiscal, avant d’avoir eu une déclaration de politique générale", a lancé Sonia Backès, présidente de la province Sud, à Louis Mapou, président du gouvernement en fonction depuis six semaines.

Cette délibération n'aura aucun effet réel en matière de santé publique. Nous pouvions penser qu'il s'agissait d'une taxe destinée à récupérer de l'argent pour nos comptes sociaux. Sauf que, à aucun moment on ne nous indique la destination de ces fonds pris sur le pouvoir d'achat des Calédoniens.

Virginie Ruffenach, présidente du groupe AEC

 

Nicolas Metzdorf, de Générations NC, évoque une "taxe totalement injuste", destinée rattraper un déficit structurel du Ruamm. Rappelons qu’il est de l’ordre de treize milliards par an, auquel il faut ajouter une dette de 25 milliards. 

L'EO souhaitait un amendement, les indépendantistes soutenaient le texte

L’Eveil océanien a déposé un amendement pour que l’augmentation des prix du tabac soit limitée à 10%. Amendement rejeté. Les indépendantistes, eux, sont favorables au projet de délibération. "Ce texte est renvoyé devant le bureau du gouvernement" a déploré Marie-Line Sakilia, de l’UC-FLNKS et Nationalistes avec EO. "Malheureusement, nos Calédoniens ne verront que différer cette taxe mise en œuvre incessamment sous peu. (…) Nous espérons que nos collègues qui ont présidé le seizième gouvernement nous entendront lors de la présentation du futur texte." 

Même si la mesure est dénoncée par ailleurs, sous d'autres prétextes ou sous des positions politiques, il apparaît que le niveau élevé des prix influence la consommation. C'est avant tout une mesure de santé publique. Mais parallèlement elle permet de reverser des recettes à l'Agence sanitaire et sociale.

Walisaune Wahetra, groupe Uni