Le FC Gaïtcha, devenu ASC Gaïca : l'un des plus beaux palmarès du football calédonien

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En 57 ans, il a connu bon nombre de joies et de peines, et soulevé cinq trophées. Le Gaïtcha Football Club de Nouméa, devenu ASC Gaïca, est l'un des plus beaux palmarès du football territorial. Il s'est assuré jeudi 22 décembre une place en première division l'an prochain. Retour sur son histoire.

Les origines de la création du club 

Le GFCN aurait-il existé sans lui ? Dans les années soixante, Marc Kanyan quitte Gaïca pour rallier la grande terre. Le footballeur à la technique rare et au physique infatigable prend une licence à l’Olympique de Nouméa. En 1962, avec quatre coéquipiers originaires du même district que lui, ils renversent l’équipe du Patronage Laïque Georges-Clémenceau (PLGC) 5-0 en finale de la Coupe de Calédonie.

L’exploit, face au triple champion de Calédonie, n’est pas mince : "Dans l’équipe du PLGC, il y avait le grand chef du district de Gaïca, Pierre Zéoula. Après le match, on s’est retrouvé dans le quartier de Sainte-Marie à Nouméa. C’est de là qu’est parti le bruit : pourquoi avez-vous battu le grand chef ? Maintenant, vous allez quitter l’Olympique et former un club avec le grand chef !", témoignait-il en 2015.

 

Premiers titres en 1974 et 1990

Kanyan, pétri de qualités, rejoint plutôt le Gazélec d’Ajaccio en 1963. Il enchaînera les titres au plus haut niveau amateur : quatre, sur une période de cinq ans. C’est le modèle à suivre pour le Gaïtcha Football Club de Nouméa, créé en 1965, qui va jusqu’à reprendre les mêmes initiales et les mêmes couleurs que le club corse où évolue le prodige du district.

Sur le Caillou, les Rouge et Bleu, qui ont vu passer Christian Karembeu avant son départ pour le FC Nantes, attendent neuf ans avant de connaître leur premier sacre territorial. En 1990, ils s’emparent du deuxième. Au stade Numa Daly, contre les Maréens du Red Star de Nécé, Wanapopo, servi par Toupane sur le côté droit de la surface, surprend Jewine d’un tir croisé.

Une finale de championnat incroyable

Au terme d’une finale épique face à Auteuil, un autre championnat est remporté en 1999. Euriboa donne l’avantage aux siens de la tête après une frappe de Ramon Djamali détournée par le gardien. Il ne reste plus que quatre minutes à jouer, lorsque Jean-Marc Case égalise à la suite d’un corner. En prolongation, Watrone trouve la barre transversale, puis reçoit un ballon au second poteau. Il le remise magnifiquement, de l’arrière du crâne, juste devant les cages pour Ujicas qui termine.

Auteuil revient finalement à 2-2 à la suite d’un centre de Faye repris de la tête par Djamali. Tout se décidera aux tirs au but. Djamali trouve le poteau dès la première tentative, Fabrice Wédé frappe à côté sur la dernière. Le capitaine du GFCN, Jean-Marc Case, ne rate pas l’occasion d’offrir un 3e titre au club. "Honneur d’abord au grand chef, à nos entraîneurs ensuite, et à tout le public qui était présent pour cette finale, sans oublier les gens à Lifou", réagit-il au coup de sifflet final.

 

L’ère Paul Qaeze : Coupes, championnat et cinquantenaire

Suivront une Coupe de Calédonie en 2011 au terme d’une finale remportée 2-0 contre Magenta. Un missile de Pierre Wajoka et le but plein d’opportunisme de Hmuzo permettent de faire la différence et de qualifier le club pour son premier 7e tour de la Coupe de France.

Deux ans plus tard, c’est le quatrième trophée territorial. Jean-Philippe Saïko est désigné meilleur joueur, et Adrien Ausu, meilleur entraîneur de la saison : "Quand on a une équipe qui fait un aussi bon parcours, c’est qu’elle répond aux ambitions du coach, des dirigeants, de tout le monde", confie à l’époque le coach.

Une ambition portée par le docteur Paul Qaeze, président du club, décédé en 2015, l’année du cinquantenaire. Un match de gala mémorable est organisé au stade Numa Daly. L’ex-licencié des Rouge et Bleu, devenu champion du monde et d’Europe, Christian Karembeu, a invité ses anciens partenaires du Real Madrid et de l’équipe de France. Parmi eux : Claude Makélélé, Clarence Seedorf, ou encore David Trezeguet. "On est très fiers d’avoir participé à cet évènement, avec une pensée pour cette grande perte qu’est Paul Qaeze qui est parti trop tôt et n’a pas pu voir ce moment. J’espère que son esprit était avec nous", disait Christian Karembeu. 

L’ASC Gaïca prend la relève

Jeudi dernier le FC Gaïtcha, devenu désormais ASC Gaïca, a obtenu sa montée en Super Ligue en battant Trio Kedeigne 2-1 en match de barrage d’accession à la première division. "J'aurais préféré que Kedeigne monte, mais voir Gaica le faire, c’est beaucoup pour le pays. En Super Ligue, il y a Lössi, Wetr, et il manquait le dernier district de Lifou pour représenter l'île", disait le milieu de Trio, Pierre Kauma, après le barrage perdu par son équipe. 

C’est le dernier fait d’arme d’un club qui s’est rajeuni à tous les étages et s’est engagé dans une démarche très structurée pour assurer son avenir.

"On est devenu ASC Gaica cette année, mais la volonté était déjà là depuis l’ère Paul Qaeze, à la demande du grand chef, pour réunir la section culturelle, cricket et football sous une même entité : ASCG, pour Association sportive et culturelle de Gaica, raconte Jaimie Waimo, ancien joueur de Gaica de 2006 à 2008, puis à partir de 2013. J’ai repris le club avec des jeunes mariés du district, c’est à dire des quatre tribus qui le composent : Hapetra, Drueulu, Wedrumel et Qanono. Je me suis entouré de personnes ressources qui connaissent bien le milieu associatif comme Lueisi Watrone, des trésoriers comme Alexandre Rodriguez, un jeune entrepreneur calédonien ou encore Koele Wenessia, qui maîtrise les chiffres. Le premier objectif était de restructurer sur le plan associatif ASCG pour qu’il y ait de la continuité dans le travail quelque soit l’équipe qui la gère".

Un club, des idées

Des dirigeants dont les idées sont claires pour la suite : "Il faut redonner envie aux gens de s’investir bénévolement par amour, par passion au sein de l’ASCG. Pour cela, il est primordial que les rôles soient bien définis. Il faut que chacun sache qui fait quoi", conclut celui dont le père Daniel, l'oncle Jacques, et les frères Jean-Marie et Emmanuel ont aussi porté les couleurs de Gaïca.