Le négociant suisse en matières premières doit répondre aux exigences des défenseurs de l’environnement mais aussi des banques qui demandent aux négociants de prouver leur attachement aux valeurs écologiques. Comme Glencore, il se fixe un objectif de réduction de son empreinte carbone.
En Nouvelle-Calédonie, Trafigura participe à la reprise de la mine de Goro, ce qui fait polémique. La multinationale Suisse figure parmi les repreneurs potentiels du complexe industriel de l’usine du Sud. Et se retrouve au centre d’une contestation menée par les indépendantistes calédoniens. A Londres, le nickel continue sa flambée. Le métal a franchi le seuil des 18.000 dollars la tonne. En hausse de 43 % sur trois ans. En ce début d'année 2021, le négociant Trafigura entend prouver qu’il a changé en adoptant une ligne de conduite qui se veut plus vertueuse et plus transparente. Trafigura a publié mercredi son rapport annuel sur le développement durable.
Réduire l'empreinte carbone
Trafigura veut réduire son empreinte carbone. Le trader a annoncé, mercredi, son premier objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, signe que même le secteur du commerce des matières premières subit une pression croissante pour prendre des mesures contre le réchauffement climatique.
Le négociant en matières premières basé à Genève veut réduire les émissions de dioxyde de carbone produites par ses propres opérations minières d'au moins 30% au cours des trois prochaines années, toujours selon son rapport annuel sur le développement durable.
La décision de Trafigura montre à quel point le secteur privé du négoce des matières premières doit désormais réduire son empreinte carbone et prouver ses références environnementales.
"L'atteinte de notre objectif se traduira par une réduction durable de plus d'un million de tonnes de CO2 (équivalent dioxyde de carbone) de nos opérations", a déclaré Jeremy Weir, directeur général de Trafigura.
Europe, Afrique et Cuba
Trafigura se fixe des objectifs qui couvrent les émissions de ses propres opérations, notamment celles qui sont sous son contrôle direct en Europe ou en Afrique, et plus précisément à travers Emincar, une coentreprise avec le gouvernement cubain pour la mine de zinc et de plomb de Castellanos.
Trafigura a déclaré qu'il avait l'intention de fixer un objectif "significatif" pour ses émissions indirectes, d'ici la fin de 2023. Celles-ci sont plus difficiles pour les négociants en matières premières car elles concernent les émissions générées par les navires utilisés pour transporter les métaux et les minerais.
Les émissions totales de gaz à effet de serre de Trafigura, hors investissements dans d'autres sociétés et coentreprises, s'élevaient à 13,48 millions de tonnes de CO2e en 2020, en hausse de 20% par rapport à 2019.
Ambition responsable
Le rapport de responsabilité environnemental et sociétal 2020 de Trafigura reflète, selon l’entreprise de Genève "une année de progrès importants dans l'amélioration de la transparence, en s'engageant ouvertement avec un large éventail de parties prenantes et en continuant à fonctionner conformément à notre objectif déclaré de prendre une position de leader dans l'avancement des normes de responsabilité dans le commerce des matières premières".
Rappel
Fondé en 1993, Trafigura est l'un des plus grands groupes de négoce de matières premières physiques au monde. Trafigura s'approvisionne, stocke, transporte et livre une gamme de matières premières (y compris des métaux et minéraux) à des clients du monde entier et a récemment créé une division de négoce d'électricité et d'énergies renouvelables.
À l'instar de son rival suisse Glencore coté en bourse, qui s'est engagé le mois dernier à réduire ses émissions de gaz à effet de serre à zéro net d'ici 2050, les objectifs de Trafigura sont désormais fixés. La société, qui appartient à ses collaborateurs, est également appelée à prendre une part importante dans la production et la commercialisation mondiale du nickel de qualité batterie.
Cours du nickel au LME de Londres, le 07/01/2021 à 15:00 GMT 18.142 dollars +1,50 %