Au dernier jour d'une semaine marquée par la volonté affirmée de la Chine de limiter la production de ses usines les plus polluantes, ce qui a entrainé une hausse des prix du métal, le nickel est soutenu par une forte demande et une offre insuffisante. "La Chine va imposer un contrôle strict des centres métallurgiques et sidérurgiques qui consomment beaucoup d'énergie et qui sont de gros pollueurs" a précisé Alastair Munro, analyste pour Marex Spectron au LME de Londres.
L'analyste dénombre six centres industriels de la province chinoise du Xinjiang "ayant reçu l'ordre de réduire leur production de fontes de nickel ou d'acier" afin de limiter la consommation d'électricité, de quoi perturber l'offre d'une région qui représente "près d'un cinquième de la production totale chinoise".
Même l’annonce d’une forte augmentation de la production de minerai des Philippines n’y a rien changé, le nickel aperçoit le seuil des 20.000 dollars. Il est vrai que les stocks du LME chutent depuis le 23 avril. Ils sont de 192.000 tonnes – leur niveau le plus bas depuis fin janvier 2020. Les primes sur le nickel, dans les entrepôts sous douane, ont bondi de 4,3 % la semaine dernière, 245 dollars au-dessus du cours officiel.
Le dollar baisse
La hausse du nickel s’explique également par la forte hausse des prix de l’acier inoxydable vendredi, ce qui soutient le prix du minerai. Et puis, le billet vert a perdu de la valeur - de l'ordre de 0,50% face à un panier de monnaies depuis le début de la semaine - le nickel coté en dollar est devenu moins cher pour les investisseurs ou les sidérurgistes munis d'autres devises.
Le nombre croissant d'accords et d’investissements dans le secteur minier du nickel souligne aussi la course à la sécurisation de l'approvisionnement en produits de qualité batterie qui entrent dans les véhicules électriques. Un analyste londonien annonce la signature prochaine d’un accord commercial entre Tesla et Prony Resources, l’Usine du Sud de la Nouvelle-Calédonie.
L'Australie se positionne
De son côté, et à sa dimension de continent, l’Australie se positionne comme l’un des grands acteurs du marché. La dernière publication en août du Groupe International d’Etudes du Nickel (INSG) à Lisbonne, montre une progression de sa production minière de nickel qui devance désormais celle de la Nouvelle-Calédonie.
Ainsi pour le géant australien BHP, l'accent mis sur le nickel représente un revirement récent. La société avait prévu de quitter le secteur pour se concentrer sur d'autres matières premières. Aujourd'hui, BHP a identifié le métal comme l'une de ses matières premières prioritaires "orientées vers l'avenir".
Le producteur minier australien a annoncé une offre de 260 millions de dollars pour prendre le contrôle du riche gisement de nickel et de cuivre de Noront, à l’extrême nord du Canada. Le plus grand groupe minier au monde entend acter une nouvelle étape de son recentrage vers le minerai vert, le nickel.
La Corée du Sud aussi
Enfin, le groupe coréen SK Innovation a commencé la production en série de batteries dans ses usines de Yancheng et de Huizhou en Chine, qui ont été établies conjointement avec la société chinoise EVE Energy. Elles ont commencé à fournir de nouvelles batteries aux constructeurs automobiles mondiaux. SK est lié à un autre géant coréen, cette fois de la métallurgie, Posco, lui-même associé à la SMSP calédonienne dans la gestion d’une grande usine de nickel au sud de la péninsule coréenne.
24.000 dollars la tonne ?
Il n’en fallait pas plus pour qu’un analyste de Goldman Sachs envisage très sérieusement un cours d’au moins 24.000 dollars la tonne. "Un nickel à 24.000 dollars la tonne en 2022 ? Et pourquoi s’arrêter là ? En tout cas c’est une prévision qui paraît raisonnable puisque malgré quelques mauvaises nouvelles, le nickel est toujours haut. Alors, 24.000 dollars semble à portée de main", a conclu, sous couvert d’anonymat, un analyste du Metal Bulletin de Londres (Fastmarkets), interrogé par Outre-mer 1ère.
LME-Nickel le 03/09/2021 à 17:32 GMT : 19.925 dollars/tonne +2,35% [Semaine +4,80%]