Le nickel : un autre "rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme" [Winston Churchill à propos de la Russie]

Du nickel de haute pureté +99,98%
Les cours du nickel étaient en léger recul cette semaine à la Bourse des métaux de Londres (LME), reflétant l’effritement de la demande venant de Chine, premier consommateur de métaux industriels.

La citation de Winston Churchill décrivait la Russie de 1939. En matière de formation des prix du nickel, on en est jamais très loin. Le nickel est utilisé dans la fabrication de l'acier inoxydable, mais il est également un composant essentiel des batteries lithium-ion nécessaires pour alimenter les voitures électriques. 20 % provient de Russie et c'est bien le problème.

Interrogations

Cinq nuits blanches à tenter d’analyser les informations venant de Shanghai, décalage horaire oblige, ont quelque peu troublé les négociants du London Metal Exchange. "Nous avons assisté à une offre de nickel beaucoup plus importante en Asie mais la demande en aval n’a pas suivie, elle a été fortement impactée (…) par la baisse de la consommation pour l’acier inoxydable cette semaine en Chine", a indiqué Alastair Munro, analyste de Marex.

Fondamentaux

Cependant, malgré l’impact en Chine des confinements très stricts en raison de résurgence des contaminations -373 millions de personnes dans 45 villes sont concernées par les mesures- et l’inquiétude liée à l’inflation, les fondamentaux du nickel restent solides. Tangshan, une ville industrielle, plaque tournante de la production d’acier inoxydable, a levé les restrictions liées au Covid. Il y a donc des raisons d’espérer, mais aussi de douter.

La banque américaine JP Morgan, très présente dans le secteur des investissements miniers, a vu son chiffre d'affaires reculer de 5% au premier trimestre, à 30,7 milliards de dollars. La banque a subi une perte de 524 millions de dollars liée en partie à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, dont 120 millions dus aux fortes fluctuations sur le marché du nickel, tout particulièrement pendant la grande mascarade spéculative des 7 et 8 mars, quand les cours sont devenus fous.

Russie

Les ventes de voitures électriques ont bondi à 1,2 millions au premier trimestre. L’agence financière Bloomberg prévoit que la demande atteindra 5,7 millions d’unités en 2022. Mais la croissance pourrait être entravée par des "perturbations de la chaine d’approvisionnement", précise Bloomberg. Des perturbations venues du froid.

En effet, l'incertitude sur les livraisons de nickel russe de class 1 continue de peser sur le marché. La Russie est le leader du segment, fournissant 20 % de la forme la plus pure du métal. Certains analystes ont prédit que la seule hausse du nickel ajoutera au moins 1 000 $ (919 €) aux coûts d'une nouvelle voiture électrique produite en Europe.

Ferronickel

La crise en Ukraine qui se traduit par le ralentissement ou l’arrêt de la production de ferronickel et d’acier inoxydable dans le pays a diminué l’offre de ces deux produits en Europe. Du coup, les prix montent.

Un métallurgiste a indiqué à La 1ère avoir vendu 18 tonnes d’alliage de ferronickel au prix de 23.000 dollars la tonne : "c’est sous le cours du LME car il ne s’agit pas de nickel pur donc il y a une décote, mais le prix est élevé car les livraisons ukrainiennes sont perturbées".

Le ferronickel calédonien, de qualité environnementale supérieure, devrait donc bénéficier lui aussi de prix confortables, d'autant que les coûts de production des fonderies ne sont plus aussi élevés, "les prix du pétrole comme ceux du gaz naturel ont en effet largement dévissés de leurs sommets pluriannuels, atteints le 7 mars", a souligné l'AFP.

Les deux références se négocient toutefois encore au-dessus de la barre symbolique des 100 dollars le baril. L'énergie représente environ 40 % du coût total de production d'une usine métallurgique.

LME Nickel le 15/04/2022 cours provisoire 33.442 dollars par tonne, en hausse de 1,40 % vendredi. Baisse de 1,22 % sur cinq jours. 

Cours du nickel au LME de Londres du 11 au 14 avril 2022