Le nickel redescend sur terre, la production de la Nouvelle-Calédonie reste à la traîne

La mine de nickel de Tiebaghi (SLN) en Province Nord de la Nouvelle-Calédonie
Après quelques jours de congés la Chine n’est plus en vacances, les marchés ont rouvert mercredi et les usines aussi. Les cours du nickel n'ont pas trop baissé car l’offre mondiale est toujours insuffisante. La Nouvelle-Calédonie en est un exemple.

Pékin a injecté plus de 17 milliards de dollars dans son économie, atténuant les craintes d’une contagion à l’ensemble du secteur de la construction immobilière, suite à l’effondrement du géant du secteur, Evergrande.

Evergrande ne posera pas de risque systémique, mais la morale de l'histoire est que la Chine patauge toujours dans une mer agitée alors qu'elle navigue en réduisant les investissements spéculatifs dans le logement, tout en gérant une économie en décélération et en s’efforçant de maintenir la stabilité sociale 

Christophe Grunsfed (Base Metal Desk) Marex Spectron

 

Environnement

Dans ce contexte, une nouvelle positive pour l’environnement est toujours bonne à prendre : le Président Xi Jinping a déclaré que la Chine avait pris "la décision de ne plus construire de centrales à charbon à l'étranger", y compris dans les pays où elle a des intérêts industriels.

L’Indonésie devrait donc se passer du charbon chinois, tout au moins pour alimenter ses nouvelles usines métallurgiques, celles déjà construites ne sont pas concernées.

Le pays devrait perdre un peu de compétitivité dans la production de nickel et s'inspirer de l’exemple de la Chine.

L’analyste Marex Spectron relève que les entreprises chinoises du secteur énergétique "s’orientent résolument vers le développement des énergies renouvelables et le stockage d’énergie."

Amortissement

Aprés avoir atteint un sommet de 20.335 dollars, le 10 septembre, les cours du nickel ont subi "une longue liquidation" en début de semaine, en raison des craintes pesant sur le secteur de la construction immobilière en Chine, gros consommateur de cuivre, de nickel et d’aluminium.

Le cours se sont repris, mercredi, avec la réouverture des marchés boursiers chinois, mais ça n’a pas duré.

Seul le faible niveau des stocks mondiaux a permis d’éviter une baisse des prix du nickel plus importante.

A Shanghai, la baisse des stocks était significative en fin de semaine : "les traders ont signalé un marché spot du nickel plus actif vendredi avec une baisse des stocks de métal de plus de 18%" a précisé un analyste de Fastmarkets (Metal Bulletin) à Singapour.

La banque australienne d'investissement et de matières premières Macquarie s'est préoccupée de l'équilibre actuel de l'offre et de la demande sur le marché physique du nickel.

Déficit

Contrairement à nos attentes reconnaît Macquerie, en 2021, "le marché est passé à un important déficit d'offre (et de production) et, respectivement, à un excédent de demande. La forte demande de nickel a donc conduit à un abaissement des stocks des entrepôts de plus de 150 000 tonnes (LME, SHFE et producteurs)."

Selon les calculs de Macquarie, "le marché affichait encore un excédent de 100 000 tonnes en 2020, mais un déficit de 125 000 tonnes de nickel est attendu pour l'ensemble de l'année 2021."

A Londres, des analystes voient cette analyse confortée. Ils s’attendent à une baisse significative, au second semestre, de la production métallurgique et chimique de nickel, notamment en Nouvelle-Calédonie, le sixième producteur mondial.

Nouvelle-Calédonie

La situation liée au Covid affecte la production minière destinée aux usines du Territoire et donc au marché mondial. Et les 7 premiers mois de l’année avaient déjà été difficiles si l’on en croit les dernières statistiques de production publiées mi-septembre par le Groupe d'étude international sur le nickel (INSG) à Lisbonne.

Selon l’INSG, la production calédonienne de nickel raffiné (Production of Primary Nickel) a baissé de 36% sur les 7 premiers mois (1-7) de l’année 2021, pour atteindre 29 700 tonnes (nickel contenu dans le ferronickel et la poudre chimique de nickel de type NHC-MHP.)

En comparaison, la production australienne a baissé de 16% à 55 900 tonnes.

Toujours selon l’INSG, les trois usines de la  Nouvelle-Calédonie avaient produit 46 400 tonnes de nickel sur la même période (1-7) de 2020.

 LME-Nickel le 25/09/2021 : 19.215 dollars/tonne -1,08% (semaine -0,90%)