Le nickel sous pression pour la première fois de l’année

Matte de nickel produit jusqu'en 2016 par la SLN en Nouvelle-Calédonie
Les prix des métaux industriels dont le nickel, baromètre de la transition énergétique, ont baissé cette semaine à la Bourse des métaux de Londres (LME), lestés par un effritement de la demande et un dollar fort.

 "L'un des facteurs qui pèsent sur les prix des métaux est la fermeté du dollar américain, qui s'apprécie déjà à nouveau après sa brève correction", un dollar fort pesant sur le pouvoir d'achat des investisseurs utilisant d'autres devises, explique Daniel Briesemann, analyste chez Commerzbank.

"Les mesures de confinement restent en place en Chine, ce qui déprime l'économie et freine la demande de métaux", le pays étant un grand consommateur de métaux industriels, rappelle M. Briesemann.

Pourtant, le Président de BHP aux Etats-Unis a déclaré que le monde aura besoin potentiellement de 4 fois plus de nickel au cours de 30 prochaines années qu’il n’en a consommé au cours des 30 précédentes.

Baisse du nickel 

En dépit de ces propos positifs, le nickel est passé sous le seuil des 30.000 dollars avant de sauver ce niveau de justesse, vendredi au LME de Londres. La destruction de la demande domine, et la chute qualifiée "d’abyssale" par les observateurs de l’indice chinois des valeurs industrielles n’a rien arrangée.

La plupart des courtiers en métaux pensent que la Bourse des métaux de Shanghai (SHFE) restera désormais moins haussière que sa cousine britannique du LME.

Le nickel a donc subi une correction substantielle et baissière "mais, lorsque le rebond viendra, il sera sans aucun doute vicieux" pondère Alastair Munro de Marex. On en a eu une exemple lors des dernières transactions vendredi à Londres, avec une remontée soudaine des cours du métal.

La Chine pèse

En attendant, le gouvernement chinois a ordonné aux agences gouvernementales et aux sociétés soutenues par l’Etat de remplacer les ordinateurs de marque étrangère par des alternatives nationales dans les deux ans.

La crainte est que l’économie chinoise ait du mal à décoller cette année. Ce ralentissement chinois s’ajoute aux problèmes logistiques et aux implications négatives d’un monde divisé en deux.

L' Indonésie avance

Sur l’île de Weda Bay, en Indonésie, "on produit et on exporte désormais de la matte de nickel", un concentré destiné, après transformation, aux batteries des véhicules électriques : « Les volumes sont encore faibles de l’ordre de 1.200 tonnes par mois », indique Alastair Munro. Le géant chinois Tsingshan vend cette matte de nickel sur le marché intérieur chinois.

La Nouvelle-Calédonie a été un producteur de matte jusqu’en 2016 et l’arrêt de la production de la SLN. Le produit n’est pas donc pas nouveau, mais ce qui l’est, c’est la destination : les batteries des véhicules électriques.

Ce produit de première fusion du nickel, relativement abondant, constitue un concurrent direct des briquettes. Il offre une alternative aux poudres et aux pâtes de nickel privilégiées par l'industrie des batteries pour les véhicules électriques.

L'inox pâlit 

La demande de ferronickel pour l’acier inoxydable a fléchi cette semaine en raison de l'accumulation des stocks, le COVID en Chine n'ayant pas contribué à une réelle consommation. D’un autre côté, des mesures ont été prises afin de stimuler l'électronique grand public et l'électroménager, ce qui contribue à stimuler la demande en acier inoxydable; les consommateurs chinois bénéficiant d’un rabais de 15 % dans les magasins.

En résumé, le prix du nickel perd 3,62% sur la semaine, mais les batteries des véhicules électriques sont l'un des segments porteurs du métal. Sa relative faiblesse pourrait être temporaire.

LME Nickel 06/05/2022 : 30.619 $ la tonne +1,74% LME Nickel semaine -3,62%