Le Kangei Maru, imposant bateau-usine et cargo de plus de 100 mètres de long et près de 9 300 tonnes, doit partir chasser pendant plusieurs mois le long des côtes nord-est du Japon en partance de Shimonoseki (ouest), le principal port de la chasse à la baleine dans le pays. Le Japon a quitté en 2019 la commission baleinière internationale (CBI) pour s'affranchir d'un moratoire sur la pêche commerciale aux cétacés qu'il appliquait depuis trois décennies, mais non sans hypocrisie.
Car le pays n'avait pas réellement abandonné la chasse à la baleine durant ce moratoire, en exploitant une faille du dispositif de la CBI autorisant des missions au nom de la recherche scientifique, ce qui lui valait de nombreuses critiques. Avec la Norvège et l'Islande, le Japon est l'un des trois derniers pays au monde à autoriser la pêche à la baleine à des fins commerciales, mais il se limite désormais à sa vaste zone économique exclusive maritime, au lieu de chasser dans l'Antarctique ou plus loin dans le Pacifique.
La consommation de viande de baleine en fort déclin
Même si la consommation de viande de baleine est en fort déclin dans l'archipel (entre 1 000 et 2 000 tonnes consommées par an contre 200 000 tonnes dans les années 1960), le gouvernement nippon défend cette pratique en faisant valoir qu'il s'agit d'une tradition multiséculaire dans le pays, faisant partie intégrante de sa culture.
Kyodo Senpaku, l'entreprise exploitante du Kangei Maru, tente de raviver les ventes - elle a par exemple commencé en 2023 à installer des distributeurs automatiques de viande de baleine au Japon, et veut collaborer avec des influenceurs étrangers pour en faire la promotion auprès des visiteurs du pays. Le précédent navire amiral baleinier japonais, le Nisshin Maru, a été retiré du service l'an dernier.
Le Nisshin Maru était au cœur des missions "scientifiques" du Japon sur les baleines depuis la fin des années 1980, et était ainsi régulièrement harcelé en haute mer par des militants écologistes, notamment ceux de l'organisation Sea Shepherd.