Elle était l'une des infrastructures phares construites pour accueillir le grand rendez-vous des Jeux du Pacifique sur le territoire en 2011. Une salle omnisport installée dans un quartier à la riche histoire sportive, tracée par le marathonien olympique Alain Lazare, et la famille Saminadin en football et en basket.
Son coût de construction, 800 millions de francs Pacifique, en faisait à l'époque le deuxième plus gros investissement des "grands Jeux" organisés en Nouvelle-Calédonie, derrière celui de l'Arène du Sud, à Païta. Mais près de 14 ans plus tard, après 31 incendies provoqués à l'intérieur par des émeutiers qui s'y étaient installés, la belle enceinte va disparaître. La mairie de Nouméa est dans l'obligation de procéder à sa déconstruction pour des raisons sanitaires et de sécurité.
"Les arches, qui tiennent l'ensemble des tôles, sont des arches en bois. Beaucoup ont été détériorées par les incendies. Il n'y a plus d'électricité, plus aucune menuiserie. L'autre aspect est sanitaire : ces 31 incendies ont eu lieu en vase clos. La suie qui découle de ces incendies a une forte capacité de corrosion", explique Alan Boufenèche, le directeur de la vie citoyenne, éducative et sportive à la mairie de Nouméa. Cette salle incontournable, dédiée aussi bien aux activités sportives qu'aux actions sociales, sera donc déconstruite, d'ici un mois.
Un lieu de secours pendant le passage des cyclones
On se souviendra qu'elle avait accueilli les finales territoriales de volley-ball dès 2012, des championnats de Calédonie de bodybuilding quelques années plus tard, ou encore le tournoi international de badminton.
Une infrastructure sollicitée beaucoup plus régulièrement par le basket-ball pour des matchs de championnats ou le Challenge Benjamins - un challenge national décliné localement - ou le futsal qui profitait de ses murs pour des rencontres de la Super Ligue. Elle a servi à bien d'autres choses. "Elle servait au quotidien aussi pour les scolaires, les soirs aux entrainements de club, les weekends étaient dédiés aux championnats territoriaux. Au-delà de ça, elle permettait d'accueillir les bureaux de votes regroupés pendant les référendums. Elle servait aussi de lieu de secours pour la population pendant le passage de chaque épisode cyclonique", cite Boufenèche.
Au service des sports de la mairie de Nouméa, on s'est rapidement réorganisé pour répondre à une question centrale : comment redistribuer les créneaux dédiés aux clubs et associations qui utilisaient cette salle Anewy ? Des réponses ont pu être trouvées. "Il nous reste très peu de salles avec la salle Anewy en moins et le complexe de la Jeune scène en travaux. On a redirigé une partie des activités vers le complexe Veyret à Rivière-salée, en dédiant deux soirées spécifiques au basket", indique Alexandre Henrard, chef du service des sports à la mairie de Nouméa.
"On n'aura plus rien"
Reste que le coup s'avère dur à encaisser, notamment pour le club emblématique de la Jeunesse Sportive Vallée du Tir (JSVDT). La salle Anewy était le fief de sa section basket, au palmarès éloquent. "C'est vrai que c'est un peu dur s'ils la détruisent, parce qu'on n'aura plus rien. Ce sera dur, ce sera la galère", s'inquiète Eric Saminadin, président de la section basket-ball de la JSVDT.
6 jours sur 7, 400 calédoniens utilisaient cette infrastructure majeure. Sa disparition va laisser un grand vide dans un quartier déjà en état de désolation.