La Nouvelle-Caledonie devra-t-elle opter pour le nucléaire si elle veut décarboner son industrie et produire un nickel moins cher ? Si le président Macron n’a pas clairement évoqué cette option dans son discours à Nouméa, le ministre des Outre-mer Gérald Darmanin avait ouvert une porte lors de son déplacement en juin. " On doit avoir en Nouvelle-Calédonie une énergie autonome, pas chère et décarbonée". Et de dire : "il ne faut pas écarter le mini-réacteur nucléaire !" Cette semaine, c’est Christopher Gyges, membre du gouvernement en charge de la transition énergétique, qui prend très au sérieux cette solution.
Mais qu’en pensent les élus de Nouvelle-Calédonie ? Thérèse Waïa leur a posé la question lors du magazine "À la Une"sur NC la 1ère, le jeudi 10 août.
Le mini-réacteur nucléaire
Sur la question du mini-réacteur nucléaire, du côté des non-indépendantistes, le discours d'Emmanuel Macron est assez suivi dans son ensemble mais les élus restent très prudents. Sonia Backès, la présidente de la province Sud, le dit, l'option retenue sera "peut-être un mini-réacteur nucléaire". "Nous n'avons pas les moyens, seuls, de financer ce qu'il faut pour avoir une énergie pas chère", ajoute-t-elle.
Même prudence pour Philippe Michel de Calédonie ensemble qui se pose des questions : "On travaille sur l'énergie, mais est-ce que ça sera avec un mini-réacteur nucléaire ou autre chose, je ne sais pas. Je ne suis pas technicien mais je sais que le président nous invite à nous insérer dans un partenariat gagnant-gagnant avec la France ou l'Europe."
Roch Wamytan opposé au nucléaire
Pour Roch Wamytan, le président du Congrès, c'est clairement "non" et de rappeler le combat mené par les pays de la zone pour dénucléariser le Pacifique : "je suis contre, on s'est toujours battu pour un Pacifique dénucléarisé. Ce n'est pas trente ans après l'arrêt des essais nucléaires en Polynésie qu'on va recommencer, je suis contre !"
Une question des internautes a été posée sur le nucléaire dans le Pacifique alors que dans l'Hexagone, la tendance est plutôt à la dénucléarisation. Alcide Ponga, président par intérim du Rassemblement répond : " il y a eu un vent à l'époque pour contrer les centrales nucléaires, ça rétropédale en Europe en ce moment à cause de la guerre en Russie et en Ukraine, les grands pays sont en train de réfléchir à la réinstallation de cet outil-là. "
Tous autour de la table
Cette émission a permis de réunir indépendantistes et non-indépendantistes autour de la table pour un débat qui ne s'était pas produit depuis longtemps. "Il a été difficile pour nous de reconnaître les lumières de la décolonisation", admet Roch Wamytan en revenant sur le discours d'Emmanuel Macron qui évoque le chemin du pardon. "Nous avons accepté de discuter de ce chemin de pardon et nous avons une proposition que nous allons présenter prochainement. Un outil qui s'appelle la justice transitionnelle", explique Roch Wamytan. Sonia Backès regrette qu'il soit présenté lors de ce plateau télé et non devant le président Macron.
Sur la question des discussions trilatérales, Jean Creugnet, de l'Union pour l'indépendance, indique que "la délégation a été mandatée par le congrès du FLNKS. On a fait nos propositions, donc ça avance." Sur ce sujet, Roch Wamytan a été plutôt flou : "On doit y aller, l'UC s'interroge sur des points qui n'ont pas avancé, notamment sur le contentieux colonial, En principe oui, on participera aux bilatérales. (...) Il faut que l'Etat arrête de nous mettre la pression."
En d'autres termes, le rendez-vous est pris pour les prochaines discussions à la fin du mois à Paris.