"Il y a des patients aujourd’hui qui ne peuvent plus être accueillis. C’est dangereux pour eux mais aussi parfois, hélas, pour le reste de la population. Il faut que les politiques arrêtent de dire que ça va, ou on va trouver une solution. Nous, il nous faut une réponse maintenant". Les propos d’une manifestante ce vendredi 11 mars devant les portes du CHS Albert-Bousquet.
Un manque de personnel et des lits qui ferment
Le personnel du CHS débrayait ce matin pour dénoncer la situation critique qu’ils vivent au quotidien. En effet, l’année dernière, 26 lits ont été fermés, et 10 cette année sur un total de 197 lits. La conséquence directe du manque de soignants et de personnel para-médical.
"Aujourd’hui sur dix psychiatres normalement, on n’en a plus que quatre. On n’arrive pas à recruter. On a encore sept postes vacants. Ça fait trois fois qu’on republie et personne ne veut venir. Donc c’est vrai que ça devient de plus en plus compliqué. Jusque là, il manquait entre dix et quatorze infirmiers, et il manque du personnel de partout" explique Nicolas Labenski, secrétaire général secteur santé social à la fédération des fonctionnaires. "On travaille le week-end, la nuit, on accumule les heures et on arrive plus. Les soignants sont à bout, ils n’en peuvent plus. On demande que nos élus, que notre direction, prennent conscience un peu des difficultés qu’on a".
Des choix difficiles
En un seul week-end quatre à cinq accidents de travail ont été enregistrés, surtout des agressions de patients. Une situation liée au manque de personnel qui impacte les soins prodigués aux malades. C’est donc une gestion au jour le jour qui est faite par la direction.
"Le flux d’entrée est supérieur au flux de sortie, et effectivement, nous avons eu des réactions des familles de certains établissements qui n’arrivaient plus à transférer leurs patients. Donc là, les médecins sont en difficulté parce qu’ils sont amenés des fois à faire des choix qui sont des fois vraiment difficiles" explique Philippe Palombo directeur du CHS. "Tous les jours je regarde le nombre de lits qui peuvent être disponibles. On peut faire sortir des patients à peine stabilisés pour rentrer des patients qui ne le sont pas du tout. J’ai alerté les pouvoirs publics et on a eu il y a quinze jours la visite de deux médecins inspecteurs qui nous ont entendus. Nous, on gère avec les chefs de service le quotidien en espérant que des éléments de solution soient proposés parce que nos trois hôpitaux sont en souffrance".
Cette situation n’est pas propre au CHS, elle se retrouve dans tous les hôpitaux publics et privés du pays. Non seulement le personnel est en souffrance, mais également les familles qui ne peuvent pas faire hospitaliser des personnes qui en auraient besoin.
Le reportage de Brigitte Whaap et Nicolas Fasquel :