Les restrictions à l'activité portuaire en Chine risquent d’aggraver la situation du transport maritime, sous forte pression du fait de la dégradation de la situation sanitaire et du redémarrage de l'économie, qui ont fait bondir les exportations de biens et les importations de matières premières nécessaires à leur fabrication et notamment de nickel.
Pour l’instant, le "métal du diable" se maintient dans les hauteurs. Malgré la progression mondiale de la pandémie et une demande de pétrole, le roi des matières premières, revue à la baisse, le cours du nickel continue de flirter avec les sommets.
Le contrat le plus négocié pour livraison en septembre en Chine (SHFE) a clôturé en hausse de 4,6% à 22 603 dollars la tonne jeudi, les inquiétudes concernant l'offre raffinée et la diminution des stocks de nickel ayant suscité des achats importants et la montée des prix, bien au-delà du cours de référence à Londres.
Dans la capitale britannique, à la Bourse des métaux (LME), les cours du nickel ont bénéficié de ce regain d'appétit chinois pour les métaux. Le métal a progressé de 0,10% sur la journée de vendredi à 19 683 $ la tonne, sa quatrième session consécutive de gains et le cours le plus haut depuis le 2 août. En soirée, le nickel clôturait avec une hausse de 2,47 % sur cinq jours.
"Le nickel a l'un des fondamentaux à court terme les plus positifs – il y a beaucoup de signes d'une très bonne demande", a déclaré Oliver Nugent, un analyste de la banque américaine Citi, interrogé par l’agence Reuters.
La demande de nickel pour la fabrication de l'acier inoxydable, qui représente la majorité de sa consommation, a grimpé en flèche et le métal est toujours stimulé par les perspectives des véhicules électriques. La chimie des batteries cathodiques riches en nickel font des progrès importants. Pour répondre à cette demande, l’usine du Sud de la Nouvelle-Calédonie poursuit sa montée en puissance, Prony Resources a produit plus de 3 000 tonnes de nickel "électrique" au mois de juillet, dépassant ses objectifs.
Dans le même temps, l’offre mondiale baisse. La production raffinée du premier producteur chinois a chuté de 15,7% en glissement annuel entre janvier et juillet et de 13,5% en juillet par rapport à juin, a révélé l’institut spécialisé chinois Antaike. Vale ne reprendra pleinement sa production de nickel au Canada qu’au mois de septembre après une longue grève de deux mois à Sudbury.
Les entrepôts de nickel asiatique dépendant de la Bourse des métaux de Shanghai (SHFE) ont vu les stocks chuter à des niveaux presque record à seulement 6 707 tonnes. Le nickel disponible à la livraison dans le réseau d'entrepôts mondiaux de la Bourse des métaux de Londres (LME) est tombé à moins de 150 000 tonnes, son plus bas niveau depuis mars 2020.
Macquarie, la banque d’investissement australienne du secteur, s'attend à ce que le marché du nickel bascule vers un déficit de 100 000 tonnes cette année en raison de la hausse de la demande chinoise et des perturbations de l'approvisionnement, a déclaré Jim Lennon de Red Door Research, le principal analyste du nickel à Londres.
"Mais l'offre de nickel commencera probablement à dépasser la demande au quatrième trimestre, ce qui pourrait peser sur les prix", a-t-il ajouté. Le marché s’attend à une hausse soutenue de la production indonésienne et de celle de l’Australie.
"Pour la Nouvelle-Calédonie, nous voyons une recouvrement régulier et une hausse de la production au second semestre avec notamment l’exploitation de deux fours dans l’usine du Koniambo (KNS) à partir de septembre. Ensuite, il y aura le référendum" conclut Jim Lennon.