Le programme de recherche "Au fil de l’eau", pour mieux comprendre les enjeux autour de la ressource

Le séminaire sur le programme "Au fil de l'eau" se tient les 28 et 29 mars
A quelques jours de la journée mondiale de l'eau et du Forum de l’eau, le Cresica présente ces lundi et mardi "Au fil de l’eau", un programme de recherche réunissant 14 projets consacrés à cette problématique de l'eau. La thématique du jour portait sur "eau et santé".

Alexandre Bourles est l’un des très nombreux scientifiques engagés dans le programme "Au fil de l’eau" lancé en 2017 par le Cresica, consortium pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation en Nouvelle-Calédonie. Son étude, baptisée "Arcane", porte sur la résistance des bactéries aux antibiotiques dans l’environnement. Pour cela, Alexandre étudie les eaux usées, des effluents hospitaliers aux eaux de baignade, en passant par les stations d’épuration.

"Un problème de santé publique majeur"

Constat : la Nouvelle-Calédonie n’est pas épargnée par ce phénomène responsable de 5 millions de morts par an.
" C’est vraiment un problème de santé publique majeur qui était étudié depuis plusieurs années en Nouvelle-Calédonie via des approches de type clinique, et là, au travers de ce projet, on essaye de regarder un petit peu ce qui se passe à l’échelle de l’environnement" explique Alexandre Bourles, post-doctorant à l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie. "Ce qu’on espère, c’est de pouvoir avoir une vision globale de la résistance aux antibiotiques à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie même si on n’a pas des sites sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie, et aussi développer une sorte d’indicateur pour des structures qui veulent par exemple gérer leurs effluents ou ce genre de choses".

Le problème du nickel et du chrome dans l’eau

Autre étude importante, le projet "Nickel-Chrome". Pendant trois ans, six scientifiques ont réalisé des analyses d’eau et d’urine à Houaïlou, Poya, Yaté, Lifou et l’Île des Pins. Objectif : mettre en évidence la présence de nickel et de chrome dans l’eau des captages, l’eau du robinet et donc les urines.
" Pour le nickel en effet, les moyennes sont plus du double de celles qu’on retrouve en général en Métropole, sur l’ensemble de la population. Pour le chrome, ce n’est pas le cas. La grande majorité, on a retrouvé des taux très faibles" explique Francine Baumann, épidémiologiste.

Des recommandations pratiques

L’étude n’établit pas de lien direct entre la quantité de métaux présente dans l’eau du robinet et celle retrouvée dans les urines. Elle établit en revanche une corrélation entre composition des sols et concentration en nickel et en chrome.
" On s’est rendu compte qu’en gros, elles étaient dix fois plus élevées dans les eaux de surface que dans les eaux souterraines, ou sur les sols de péridotite que sur les sols non miniers" poursuit Francine Baumann. "Donc nos recommandations c’est d’essayer au maximum de capter l’eau souterraine plutôt que l’eau de surface, et si on n’a pas le choix, qu’on est obligé de prendre l’eau de surface, d’aller chercher plutôt des eaux dans des secteurs des bassins versants qui sont bien protégés, bien revégétalisés".

Des préconisations très pratiques donc, à l’usage des décideurs.
Le séminaire  "Au fil de l’eau" se poursuit mardi. Il sera notamment question d’"eau et gouvernance" et d’"eau et environnement".

Le reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry 

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