Alors que de nombreux incendies sont en cours, que la circulation est bloquée sur certains axes, ce mardi 12 décembre, Fabien Albouy était l'invité du journal radio de Mathieu Ruiz Barraud, ce midi. L'occasion d'évoquer avec le directeur de l'Oeil, l'Observatoire de l'environnement, la saison des feux qui sévit actuellement sur le Caillou.
Après quatre années sans grands feux en Calédonie sous influence de La Niña, vit-on une saison exceptionnelle ?
"À la date d'aujourd'hui, on a une année légèrement supérieure à la moyenne. Nous en sommes à 17 000 hectares de surface brûlée pour une moyenne de 15 000 hectares par an. Les conditions météorologiques, assez sèches et ventées, vont favoriser les départs de feu ou l'extension des feux actuels. Quelques feux peuvent modifier les bilans de manière significative. Il est possible que la fin du mois de décembre fasse basculer 2023 sur une année plutôt intense. "
Quelles sont les zones les plus touchées ?
"Quand je parle d'année moyenne, ce n'est pas satisfaisant. 17 000 hectares au 12 décembre c'est supérieur à la moyenne de l'Hexagone pour un territoire qui est largement plus petit. Les incendies actuels ont causé des dégâts sur l'environnement. Dix incendies se sont déroulés sur de la forêt sèche, seize localisations d'espèces rares et menacées ont été potentiellement touchées, dix-sept captages d'eau potable ont été touchés. On a une relation directe entre la qualité des eaux et la survenue d'incendies. Il y a beaucoup d'impacts liés à ces incendies."
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Des incendies majoritairement d'origine humaine
"De manière très factuelle, 87% des incendies sont situés à moins de 500 mètres d'une route ou d'un bâtiment. Contrairement à d'autres régions dans le monde, la foudre n'est responsable d'aucun incendie en Calédonie. Pour preuve, des secteurs où il n'y a pas de présence humaine, comme la Côte Oubliée, ne brûlent pas. Donc oui, les feux sont d'origine humaine. Après, ils ne sont pas tous volontaires. Il y a des pratiques agricoles qui justifient l'usage du feu mais il faut qu'il soit maîtrisé. Il y a toute une approche culturelle à avoir autour de l'usage du feu et il faut pouvoir accompagner ces changements de pratiques culturelles. Les gens, avant, utilisaient le feu mais les conditions environnementales ont changé. On a des milieux qui sont de plus en plus permissifs au feu parce que de plus en plus secs. On n'a plus de zones tampons de forêt qui limitaient leur extension et maintenant, les feux peuvent parcourir des distances plus importantes."
Dans les jours et semaines à venir, les climatologues de Météo-France NC s'attendent à ce que l'alizée faiblisse. Des masses d'air plus humides sont attendues. Mais prudence : leurs prévisions ont plusieurs fois été déjouées depuis le début l'année.
Retrouvez plus d'informations dans le reportage de Caroline Antic-Martin, Christian Favennec et Nathan Poaouteta :