En dix ans, 10% de la surface de la Nouvelle-Calédonie a déjà été incendiée

7 hectares de forêt sèche ont été détruits, à Pindai, fin juin
Les nombreux incendies de juin, juillet et août ont fait craindre le pire aux secours. La saison sèche a finalement été plus humide que prévu, réduisant le risque pour l’environnement et les humains. Mais en dix ans, l'équivalent des surfaces de Lifou et de Maré ont déjà brûlé au moins une fois. Le point en infographies dans un premier volet.

En dix ans, plus de 180 000 hectares ont été brûlés en Nouvelle-Calédonie. L'équivalent de la surface de Lifou plus celle de Maré. À l'échelle des communes, un tiers de la surface de Ouégoa a par exemple été incendiée. Et plus de 40% de celle de Pouébo. C’est ce qu’il ressort des images prises par des satellites de la Nasa et analysées par l’Observatoire de l'environnement en Nouvelle-Calédonie (l’Œil).

Des estimations fiables

Ces satellites, nommés VIIRS-S-NPP, effectuent environ quatre passages par jour au-dessus du Caillou. Les données récoltées ne sont donc pas exhaustives. “Si un feu part et s’éteint entre deux passages, il ne sera pas détecté”, explique Anne Lataste, de l’Œil. Autre limite : la résolution des capteurs, qui détectent les différences de températures. Si l’intensité des flammes est faible, la couverture nuageuse trop épaisse ou le couvert végétal trop dense, un incendie peut ne pas être repéré. Mais les satellites peuvent aussi se tromper et prendre une importante source de chaleur pour un feu de végétation. Résultats : les estimations utilisées par l’Œil sont considérées par les scientifiques comme fiables.  

Elles montrent d'impressionnantes surfaces de végétation parties en fumée dans plusieurs communes de la province Nord. Proportionnellement, ce sont Pouébo, Ouégoa, Koné, Canala, l’Île des Pins, Bélep et Poum qui ont été les plus touchées. Plusieurs facteurs peuvent l'expliquer. La géographie d’abord. Elle conditionne le climat, plus ou moins sec, l’exposition aux vents, la nature de la végétation, plus ou moins dense, plus ou moins propice aux incendies, comme l’est la savane à niaouli par exemple.  

Les comportements humains entrent aussi en compte, puisqu’ils sont responsables de 99 incendies sur 100. Dans certains endroits, le feu reste utilisé pour nettoyer le champ ou pour la chasse. Il peut aussi être la conséquence du jet de mégots de cigarette dans la nature, de conflits ou encore d’actes de délinquance.  

Des “points chauds” 

Les moyens de lutte contre les incendies sont par ailleurs inégalement répartis sur le territoire. Ouégoa, Pouébo, l’Île des Pins ou Bélép n'ont par exemple pas de centre de secours. Même équipées, les petites communes n’ont pas toujours les effectifs suffisants pour intervenir. Et certaines zones restent inaccessibles par la terre.   

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L’Œil avait mené une étude sur les départs de feu entre 2001 à 2017. Il en ressortait des “points chauds”, c’est-à-dire “des zones touchées de façon forte et répétée”. Il s'agissait de la province Nord, la côte Est, l’île des Pins, Thio-Canala, Houailou, Ouégoa et Koné. La côte Oubliée, elle, semble épargnée.  

Les tendances restent les mêmes. Atténuées ou accentuées par les conditions météorologiques. 2017, année marquée par la chaleur et des précipitations historiquement faibles, a ainsi été une année record en termes d’incendies. En 2021, alors que la Nouvelle-Calédonie était encore sous l’influence de la Niña, un pic avait été observé en septembre. Un mois où il avait moins plu, où la Sécurité civile avait à gérer l’arrivée du Covid sur le territoire et où la population, confinée, avait du temps pour jardiner.  

Les conséquences sont chaque fois les mêmes. Les feux détruisent les animaux et les végétaux endémiques, contribuent au développement des espèces envahissantes et à la dégradation de la qualité de l’air et de l’eau. Ce dernier point sera l’objet d’un deuxième volet, à paraître ce mercredi 1er novembre.